L'histoire :
Pionniers. Cette histoire commence en Allemagne, à mi-chemin du XIXe siècle. L’Allemagne est alors encore un pays agricole et l’usure – pratique courante – met régulièrement sur la paille nombre de paysans. C’est alors qu’un dénommé Raiffeisen, élu local, a une idée. Sensible au malheur de ses concitoyens et désireux de les aider, il cherche d’abord à obtenir de la farine afin de couvrir les besoins de son village. Les autorités faisant traîner les choses, il procède à des distributions gratuites. Il négocie aussi les prix avec le boulanger puis finit par décider de la construction d’un four à pain communal ! Une collecte de fonds est en outre organisée auprès des contribuables les plus aisées. Résultat : un fonctionnement en coopérative se met en place, permettant de pallier aux aléas et d’assurer au village une vraie qualité de production. Désormais promu au niveau du district, Raiffeisen entend poursuivre son action. En 1849, il crée avec l’appui de l’Eglise la société de secours aux agriculteurs impécunieux – soit, sans le sou ! –. La société se substitue aux usuriers, prêtant de l’argent aux paysans à des taux très modérés. Chemin faisant, le dispositif mûrit jusqu’à accoucher d’une vraie nouveauté : une mutuelle d’épargne et de crédit à vocation associatif… Le banquier des pauvres. En 1974, à la suite d’une terrible famine, près de 1,5 millions de personnes meurent au Bangladesh. Alerté par cette situation, le professeur en économie Muhammad Yunus à l’université de Chittagong – seconde ville du pays – décide de faire quelque chose. Visitant les villages, il s’enquiert des problèmes posés. Le manque d’argent, parfois de sommes infimes, entrave l’initiative locale : d’où l’idée du microcrédit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La question financière est une question délicate à appréhender et comprendre – à tout âge ! –. Les éditions du GRAD (avec le soutien d’associations internationales d’aide au développement) reviennent sur le sujet, après avoir traité avec succès du commerce équitable et du problème agricole. Ayant pour objectif d’éduquer et sensibiliser le public le plus large possible sur la thématique du développement durable (en plus d’une cible « collégienne »), la forme adoptée sur le précédent tome de la série a été reconduite. Quelques 20 planches en entrée, assorties d’un copieux dossier pédagogique pour aller plus loin. Un dossier à la fois explicatif – sur les termes, concepts et enjeux – et ludique avec de petits jeux et invitations à réfléchir tout en s’amusant (cases à remplir, planche de BD à réaliser…). L’album est abouti, sans doute plus d’ailleurs que son devancier « agricole ». Mais une épine demeure : est-ce cela que le jeune lecteur (et acheteur) de BD attend ? En terme d’informations et d’intérêt éveillé pour le sujet, le titre est impeccable. Mais en terme de loisirs, de plaisir d’évasion espérée, de récréatif en somme, ne passe-t-il pas à côté ? Les biographies illustrées des personnages choisis pour leur action notable de par le monde, en sont un exemple. Les textes pourraient souvent se suffire à eux-mêmes tant le dessin ne fait que les redire. La plus-value BD semble presque « gadget » (à l’exception des planches gags signées Sen). D’un point de vue pédagogique, en résumé, Des bulles dans la finance offre une approche riche et vous en apprendrez énormément (vraiment), petits comme grands ; côté amateurs BD, un malentendu demeure… A découvrir.