L'histoire :
Les congelés donnent la chair de poule. Cameroun, il y a peu. Alexandre Bretegne est éleveur de poulets. Son exploitation est au plus mal. Sur les derniers mois, il a seulement vendu quelques 300 poulets sur les 2500 disponibles. Il lui faut trouver une solution. Ses enfants vont à l’école. Ses deux aînés ont eu leur BAC l’année passée mais, sans argent, impossible de les aider dans leurs études. Mais que faire quand sur les marchés, les poulets congelés – sans goût ! – importés à bas coûts, l’empêchent d’écouler sa production à moins de vendre à perte !? La visite d’un responsable de l’organisme publique en charge des problèmes agricoles ne le rassure pas. Il lui parle de programme d’ajustement structurel, lui explique le fonctionnement de l’OMC (l’Organisation Mondiale du Commerce) et lui répète que ses problèmes sont bien connus. Un atelier national doit d’ailleurs se tenir bientôt pour en débattre. Néanmoins, la question est d’ordre mondiale… Lee, paysan de Corée du sud. Aujourd’hui, le 10 septembre 2004, Lee Kyung-Hae est venu manifesté à Cancun au Mexique contre la politique d’ouverture des marchés agricoles menée par l’OMC. Pourtant, il a 30 ans de cela, Lee commençait une aventure qui lui valut la reconnaissance des Nations Unies pour son rôle dans le développement agricole de son pays. Un temps exploitant à la tête d’une ferme modèle à la pointe du progrès, Lee est à présent ruiné et réduit à se battre pour sa survie et celles de frères paysans…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Second titre BD des éditions du GRAD, Des bulles sur les marchés agricoles s’adresse plus directement à un public d’âge scolaire (classes des collèges). L’album se compose en effet de quelques 20 planches dessinées suivies d’un copieux dossier – composé de fiches pédagogiques pour aller plus loin. Dense en informations et précis sur la définition de concepts comme le développement durable, la souveraineté alimentaire, les plans d’ajustement structurel de l’OMC, etc. le titre est moins récréatif qu’éducatif et c’est sans doute là que le bas blesse. Si l’histoire vraie du Sud-Coréen Lee Kyung-Hae est édifiante, le propos des plus justes est péjoré par une forme d’ensemble trop austère. Entendons-nous, graphiquement l’album est plutôt réussi (en cohérence avec la géographie décrite – et vous verrez du pays ! – : plus réaliste et droit en Corée, plus coloré en Afrique ou caricatural en Suisse) et l’humour n’est pas absent. A cet égard, les planches gags autour de l’état du marché agricole suisse sont particulièrement bien vues ! Néanmoins, la forme est imparfaite. Le jeune lecteur d’une bande dessinée n’attend-il pas un contenu plus récréatif, de l’aventure, de l’évasion !? Le public visé serait alors plus probablement les parents et enseignants séduits. Avec le précédent album des éditions du GRAD (Des bulles dans le commerce), certes moins ambitieux et moins fourni en documentation, peut-être le message passait-il néanmoins mieux au final auprès du jeune lectorat… Il reste qu’il y a de l’idée et de la matière à moudre, pour mieux comprendre et approfondir.