L'histoire :
Mr Jones avait bouclé les poulaillers, mais il avait trop bu pour penser à rabattre les trappes de sortie. Une fois dans sa chambre et les lumières éteintes, les animaux de la basse-cour avaient convenu de se réunir dans la grange. La nuit précédente, le cochon Sénateur avait fait un rêve étrange et voulait l’évoquer aux autres animaux. Avant de décrire son rêve, il fait part à ses camarades de sa réflexion menée seul dans son box. Il pense qu’il comprend la nature de la vie sur Terre aussi bien qu’aucun animal vivant. Leur existence actuelle est misérable, laborieuse et brève. A peine venus au monde, les animaux de la ferme reçoivent tout juste une maigre pitance et ceux qui ont la force besognent jusqu’à épuisement. Dès qu’ils cessent d’être utiles, l’horreur de l’abattoir les attend. Nul animal ne connaît le bonheur. Nul animal n’est libre en Angleterre. La vie de l’animal n’est que misère et servitude. Qui est responsable de tous ces maux ? L’homme. L’homme est la seule créature qui consomme sans produire, pourtant c’est lui qui règne en maître sur tous les animaux.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après les multiples adaptations BD de 1984 (œuvre originale désormais tombée dans le domaine public), c’est au tour de La ferme des animaux du même George Orwell de connaître plusieurs nouvelles versions (BD, livres illustrés). Ce chef d’œuvre captivant publié initialement en 1945 décrit l’insurrection d’animaux d’une ferme qui prennent le pouvoir en chassant les humains. Si dans un premier temps la basse-cour arrive à s’organiser presque démocratiquement, les cochons, qui sont les plus intelligents, vont rapidement s’imposer comme les chefs et vont se comporter de manière autoritaire, violente. Les principes initialement édictés pour l’organisation de cette société vont être bafoués progressivement par l’élite et la belle utopie va virer au cauchemar pour les autres animaux. Ce conte animalier est une satire du régime soviétique et des gouvernements autoritaires, et elle demeure malheureusement et tristement moderne. L’adaptation proposée par l’auteur brésilien Bernadi Odyr respecte le découpage en dix chapitres de l’œuvre originale. Le texte d’Orwell n’est pas repris dans son intégralité, mais l’essentiel est restitué, préservant l’intensité, l’intelligence du récit, ainsi que la dimension philosophique et politique de ce conte. Accessible à un très large public, cet album en couleurs directes est une belle manière de découvrir un monument de la littérature du XXème siècle.