L'histoire :
Anne Goscinny et Catel discutent dans un café. Fille du père d'Astérix et du scénariste de Lucky Luke, l'écrivaine souhaite raconter l'histoire de son père en bande dessinée, dans la lignée de l'autobiographie Le bruit des clefs qu'elle a écrit chez Grasset. Catel a adoré le bouquin et elle lui parle du passage où elle vient menacer le cardiologue de son père, persuadée qu'il a tué son père. Catel est partagée sur l'idée de faire de Goscinny le héros de sa future BD, elle qui est habituée à réaliser des biographies de femmes. Mais après tout, c'est grâce à Claire Brétecher et à René Goscinny qu'elle est venue à la BD. Et pourquoi pas ? Elle se laisse convaincre... Tout commence le 14 août 1926, quand naît René au cœur de Paris, à deux pas du Panthéon, sous l'œil ému de ses parents (Anna et Simkha) et perplexe de son grand frère. A deux ans, il embarque sur le Groix direction l'Argentine où son père travaille en tant qu'ingénieur. Tout petit déjà, le jeune René est animé par le désir de faire rire son entourage. Pas très doué pour le foot, il préfère amuser la galerie et faire de l'équitation...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Marquée par la disparition de son père quand elle avait 10 ans, Anne Goscinny n'a eu de cesse d'évoquer sa souffrance de fille qui a grandi sans son papa, dans les livres qu'elle a publiés (Le père éternel, 2006, Le bruit des clefs, 2012). Cette fatalité obsédante croise le chemin de Catel, auteur de BD qui apprécie de mettre en image les vies de femmes incontournables comme Joséphine Baker, Kiki de Montparnasse, Mylène Demongeot, Olympe de Gouges. Mais pour raconter la vie du scénariste, entre autres d'Astérix et de Lucky Luke, il y a un bond de géant à faire... Qu'elle saute finalement, par amitié pour Anne Goscinny, au début, puis convaincue que la vie de cet homme pouvait passer sous ses crayons de dessinatrice. Anne Goscinny parvient à puiser dans cette vie personnelle les éléments-clés avec une fantaisie et une émotion rares, tant et si bien que ce roman graphique conséquent se lit avec un réel plaisir. Via un dessin toujours aussi élégant et un encrage singulier, Catel parvient à faire mouche. Le roman des Goscinny est un vibrant hommage (une BD sur un auteur de BD, c'était écrit, non ?) qui permet de panser les blessures éternelles créées par un père parti trop tôt, laissant sa fille chérie démunie, aux questions sans réponses. Mais nul doute que, quelles que puissent être les croyances de chacun, on peut légitimement penser que, quelque part, René veille avec amour sur Anne.