L'histoire :
Sur leur iceberg, l’ours et le pingouin vont devoir se rationner, car le bon poisson est rare. Pour cela, il va falloir qu’ils s’organisent. L’ours propose qu’ils se répartissent la nourriture en fonction du poids. Aussitôt le pingouin engloutit le fruit de leur pêche : « Tiens scrupuleusement à la balance égale, ne la laisse pencher d’aucun côté. » Pholylide de Milet
Alors que l’ours se plaint de s’être coincé le dos et de souffrir le martyre, son ami en profite pour lui grimper dessus et observer le paysage grâce à cette vue imprenable : « L’égoïsme régit le monde. » Arthur Schopenhauer
Un morse souhaiterait parler au dieu du pingouin et de l’ours pour qu’il les convainque de partager avec lui leur îlot de glace. L’un des deux acolytes répond que leur dieu n’est pas disponible. Dans ce cas, le morse rétorque qu’il va demander à son dieu de les forcer à l’accueillir : « Les religions est le lieu où un peuple se donne la définition de ce qu’il tient pour vrai. » Georg Wihelm Friedrich Hegel.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà une belle manière d’aborder la philosophie : illustrer une pensée avec un strip d’une page. Initialement publié dans le mensuel Philosophie Magazine pour illustrer l’édito, ce recueil de scénettes est organisé en 9 grands chapitres : la justice / le droit, le bonheur, le travail, l’autre, la religion, l’existence, la culture, le désir et la conscience / inconscience. Au-delà de ces thèmes « classiques », une réflexion sur l’écologie sous-tend le propos avec cet ours et ce pingouin qui dérivent sur leur morceau de banquise. Les illustrations abordent de manière humoristique, parfois grinçante, souvent très décalée, voire absurde, des maximes philosophiques. Ce couple improbable est le reflet de la diversité des âmes humaines : l’ours est plutôt flegmatique, un peu passif ou fataliste ; quant au pingouin, il est un poil égoïste, glouton et pas des plus agréables. Ce qui fait le charme de cet ouvrage est notamment la subtilité des associations des situations aux pensées de grands philosophes. Le dessin de Charles Berbérian est épuré, les personnages évoluent dans des décors minimalistes. Un ouvrage à conseiller aux lycéens en panne d’inspiration qui pourront retenir quelques citations bienvenues pour leur dissertation du bac.