L'histoire :
Lors d’une soirée de cocktail au London United Football Club, les journalistes s’agglutinent autour de la nouvelle et jeune présidente, Mlle Alice Belanova. Tandis qu’ils assaillent de questions sur sa nouvelle stratégie sportive, le directeur financier, Gérald Osmond, prend ses cliques et ses claques. Sur un coup de tête, il quitte le club, emportant avec lui une mystérieuse mallette. Le lendemain, Mlle Belanova engage le détective privé Yann Sechet pour le retrouver. Yann est alors dérangé en plein pendant la retransmission du premier match de foot de la France, sa patrie d’origine, lors du Mundial 2006. Ce France-Suisse allait faire un décevant 0-0. Quand Yann découvre le montant du chèque qui lui est proposé pour cette affaire, il accepte immédiatement, quand bien même cela l’oblige à retourner en France. Mais d’abord, il se fait mettre K-O par une blonde fatale, alors qu’il inspecte le bureau londonien d’Osmond. Cependant, au même moment, le président du club anglais rival, le Newton Athletic Football Club, Tom Mariner, ordonne à ses hommes de mains de remettre la main sur les documents en possession d’Osmond. Heureusement, les loustics ne sont pas bien futés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Etrangement, le foot et la BD sont deux « divertissements » de masse qui se font peu d’échos l’un l’autre. Les auteurs de BD seraient-ils anti-foot ? Les footeux dédaigneraient-ils le 9ème art ? Bref, Fabrice Linck rattrape l’injustice en livrant le scénario d’un thriller léger se déroulant dans le milieu du football moderne. Le contexte de ce premier tome est celui de la coupe du monde 2006. Rappelez-vous, c’était déjà l’ère Domenech et la France a perdu en finale contre l’Italie (suite à une tête de Zidane dans tout autre chose qu’un ballon). Indépendamment à cet évènement sportif que le scénariste ponctue en fil rouge, l’intrigue principale s’appuie elle aussi sur le milieu du foot. On ignore toutefois pour le moment l’origine de la problématique ; on sait juste que des documents « sensibles » ont été emportés par le directeur sportif en fuite d’un gros club anglais et qu’un détective et un concurrent se tirent la bourre pour les récupérer. Pleine de bonnes intentions, cette trame fonctionnerait sans doute mieux si les personnages étaient plus crédibles… ou carrément moins. Car le récit hésite entre deux tonalités : la comédie burlesque et le thriller réaliste. C'est-à-dire que le contexte du business-foot est réaliste, la narration façon polar et voix-off tend également vers le sérieux, mais les personnages appartiennent à un registre plus léger, plus cliché, avec une psychologie plus infantile. Par exemple, les hommes de main sont de vrais clowns, que manipule une blonde fatale experte en arts martiaux. Ou encore : après un abandon de 6 ans, Yann retrouve sa fiancée à l’identique, toujours fraîche et dispo… Le dessin mâtiné de manga de Daniela Di Matteo parvient d’ailleurs à trouver le compromis entre ces deux tonalités, jouant avec une griffe tantôt semi-réalisme, tantôt franchement humoristique. Prometteuse et agréable à l’œil, cette partition visuelle montre aussi des fautes de proportions ou de cadrages, et se dévoile un tantinet irrégulier dans son découpage (serré, puis distendu). Une enquête à suivre…