L'histoire :
Un Maule Blacks c’est un gaillard à l’esprit particulièrement constitué. De ceux en tous cas qui ne lutte pas pour qu’à la fin de sa vie, il reçoive la médaille du mérite pour le sérieux avec lequel il s’est fait chier toute son existence avec sa femme, ses gosses, sa belle-mère, son boulot, son patron et ses vacances à Plage-les-Bains. Non, un Maule Black a pour fondamentaux la bouffe, les potes, l’apéro et le rugby. Un rugby viril dans lequel on s’empoigne en gros tas de 10 bonhommes avec ballon et arbitre en dessous. Un rugby pour lequel on se vautre sur le canapé, les chaussures boueuses après le match en oubliant d’être allé chercher sa belle-mère à la gare. Un rugby qui conduit chez le psy quand l’équipe entière est passée sur le doudou du pilier droit. Bref, un rugby pour des hommes qui ne voudraient pas, pour tout l’or du monde, qu’on leur greffe un ballon de foot, si celui de rugby qu’ils ont à la place du cœur venait à lâcher...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a rugby ET rugby. L’un pratiqué par des gentlemen (virils mais corrects…) gourmands de philosophie ovale, de contacts rugueux, de passes magiques ou de coups de pieds millimétrés. L’autre à l’épaisseur graisseuse et brutale tutoyant la bestialité et nourrissant une ribambelle de clichés. S’il faut bien reconnaître que se glisser dans la peau d’un rugbyman consiste souvent à enfiler les deux combinaisons, Stilo et Vivant choisissent ici d’exploiter la seconde déclinaison. Nourrie par l’intention de s’en payer une bonne tranche, l’immersion au cœur de l’équipe des Maules Blacks (illustre équipe de la ville de Maule – 78 – dont Stilo est l’un des membres éminents…) emprunte la construction d’un amalgame de « dessins de presse » à déguster parcimonieusement : une ou deux illustrations par planche ; peu de phylactères et un trait à la caricature épaisse mais efficace. Pour ce qui est du fond, l’album offre un panel de situations qui sentent bon la chaussette de vestiaire, la 28ème mi-temps, les heures d’entrainement, les coach et les arbitres pénibles ou les rapports avec le beau sexe. Rien de bien méchant à reprocher à l’ouvrage, à condition d’en avoir restreint la mission : assurer quelques sourires le temps d’un siège laborieux sur une cuvette de WC. Il constituera peut-être un moment privilégié pour les vrais pratiquants de rugby, mais ne laissera pas trace indélébile sur le terrain de la BD sportive-humoristique. Tout au plus, il permet, en maniant l’auto-dérision, de mesurer l’équilibre précaire que constitue la vie de ce sportif particulier à s’immerger dans notre quotidien. Tout au moins, il ne nous empêchera pas de continuer d’aduler ce si beau sport.
