L'histoire :
Au royaume d'Ayodyah, le roi Tosarot se meurt. Lui qui a régné avec efficacité et justice sur son peuple, se demande lequel de ses deux fils, entre Mongkut et Phra Lak, pourra devenir son digne héritier. Tous deux possèdent des caractères et des qualités différents, mais ils ne sont jamais aussi fort que lorsqu'ils sont unis. Alors que dans le palais, les complots vont bon train, Kinnara, l'automate céleste, conseiller du roi, joue aussi jeu double, à qui veut bien l'écouter. Quel est le but de ces manœuvres ? Les deux fils auront fort à faire avec les femmes, les ogres, les chats, et eux-mêmes, afin de peut-être trouver une issue à ces nombreux stratagèmes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Précédemment, dans l'album Rakshassas, (ou Chroniques amérindiennes chez Ilatina), le lecteur avait pu se régaler du magnifique trait classique noir et blanc d'Enrique Alcatena. C'est à nouveau sur un scénario de son collègue Mazitelli que le duo nous délivre une histoire fabuleuse, mettant en avant les formes précieuses de l'ancienne Thaïlande. Ici, pas d'aplats noirs, mais des cases ciselées, tels les sculptures, temples, palais, étoffes, armes, armures ou couronnes de ces décors somptueux, d'un autre temps. Au premier abord, on ressent cependant une sorte de malaise à entrer dans cette jungle graphique luxuriante, d'autant plus que l'on ressent assez fortement l'aspect documenté de ces légendes d'un autre continent « oublié ». On se demande comment cet enchevêtrement de petites cases va pouvoir nous happer dans une histoire suffisamment intéressante pour aller jusqu'au bout. C'est faire fi du talent de conteur de Mazzitelli, nous emportant, chapitre par chapitre (il y en a six), un peu plus avant dans une intrigue fantastique et son dénouement, plein de sagesse. On ressort bluffé, ravi d'une telle découverte de sensations esthétiques, historiques, patrimoniales, culturelles, philosophiques. Un automate qui fait échec et mat avec son lecteur et qui présage d’autres belles choses à venir, puisque les auteurs ont encore pas mal d’inédits dans leur besace.