L'histoire :
Alors qu’il devait s’envoler dans un cocon d’hibernation vers la lune Io de Jupiter, « Dormeur » s’est réveillé sur la Terre, d’où il n’est pas parti… quelques années après que sa navette ait raté son départ. Accueilli au sein d’une communauté de survivalistes au sein d’un immeuble planté au milieu d’un désert aride (la Terre est désormais stérile partout), il a d’abord dû résoudre une sordide affaire de meurtre (cf. le tome 1). Or une fois l’affaire résolue, les choses se corsent. En effet, avec la mort du responsable de l’approvisionnement, c’est la subsistance de toute la communauté qui est menacée. Cette communauté doit désormais urgemment s’expatrier vers une autre potentielle « oasis » de survie. La cinquantaine de survivants organisent donc leur voyage pédestre, une caravane, vers une destination qu’Octavio – l’un des deux chefs – a plus ou moins déterminée par ondes radio… mais rien n’est moins sûr. Ils quittent surtout leur nid fortifié, vers l’inconnu. Il leur faut d’abord ruser pour éviter les hordes de « Madmax » qui campent au pied de leur tour de béton. Ils les attirent à l’intérieur, par une ouverture du rez-de-chaussée, en activant un mannequin sur leur toile d’araignée… et puis ils laissent choir un énorme bloc de béton pour les emprisonner là et pouvoir sortir tranquillement. Ce faisant, ils sont hélas obligés d’abandonner à l’intérieur un vieux couple, trop vieux pour entreprendre le voyage. Ceux-là sont promis à un destin anthropophage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chouette ! Les argentins Rodolfo Santullo et Carlos Aon donnent une suite à leur « Dormeur », tel que l’appellent désormais les membres de la communauté survivaliste au sein de laquelle ce colon qui a raté son exil vers une nouvelle biosphère vivable se retrouve intégré. On retrouve l’univers post-apocalyptique dramatique, mais cette fois sans huis-clôt, avec de nouveaux horizons… quoique sacrément monotones. En effet, la caravane pédestre qui part en voyage ressemble à l’exil des hébreux à travers le désert du Sinaï : à l’instar de la Terre entière, le paysage stérile est désertique et d’une platitude désespérante. Dans ce cadre, Dormeur reprend son rôle d’enquêteur car « quelqu’un » cherche à faire échouer leur entreprise en sabotant leurs réserves. En nouveauté, Dormeur s’adjoint un temps la compagnie d’une jeune femme de sa condition, après que la caravane a intégré d’autres candidats à l’échappatoire raté vers Io. Le rythme séquentiel, le mode narratif, le découpage en chapitres, l’ambiance pesante, la psychologie des personnages attachants (ou pas), le dessin expressif à tendance charbonneuse, même le petit format à couverture souple et la forte pagination : tout est aussi réussi que sur le premier tome. Sans doute – on l’espère, étant donné le cliffhanger de la dernière planche – un troisième épisode sera-t-il au menu de cette série post-apo envoûtante.