L'histoire :
De nos jours, on annonce à la télé un phénomène rare : un tremblement de terre en Antarctique. Or ce que ne voient pas les autorités scientifiques, c’est que la faille qui apparait à la surface de ce continent de glace, libère un monstre antédiluvien titanesque, qui dormait là depuis des millions d’années. Il plonge dans l’océan, sous le regard captivé des manchots. Au même moment, à Buenos Aires, Elmo annonce à sa petite fille Tina qu’elle ne reverra sans doute jamais son grand-père Ramiro. En effet, ce dernier participait à une expédition maritime, mais son bateau est porté disparu. Elmo et Tina se rendent chez Renata, la grand-mère, séparée depuis longtemps de Ramiro. Celle-ci explique à son fils qu’elle a récemment reçu un colis contenant des effets personnels et des photos intrigantes. Sur celles-ci, on voit des sortes d’excroissances sous-marines géantes, de structure fractale, ainsi que des sortes de poignards de temps très anciens. Le grand-père disait qu’il s’agissait d’artefacts datant du Gondwana, l’immense continent perdu. La nuit suivante, Tina fait un rêve extrêmement prégnant, dans lequel son grand-père vient lui parler et lui demande de sauver l’humanité ! La même nuit, la créature titanesque émerge des eaux noires dans le port de Montevideo (Uruguay), pénètre dans la ville et grimpe au sommet du Palacio Salvo…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tous les lecteurs qui ont été un tant soit imprégné de culture manga, y compris au travers des dessins animés des années 80, connaissent le principe des « kaijus ». Ces robots ou ces créatures titanesques ne trouvent rien de mieux à faire que de se chamailler au milieu des grandes villes, détruisant les buildings et écrasant les autobus avec leurs petits orteils. Les fictions les plus connues se nomment Godzilla, Pacific Rim, Rampage… Mais dans le registre, on accepte aussi Goldorak ou Bioman. Ici, c’est un auteur argentin qui se frotte à l’exercice, sans trop s’encombrer d’un scénario retors et/ou complexe. Après tout, le genre réclame avant tout que ce soit spectaculaire et… c’est bien le cas. Les créatures de Salvador Sanz appartiennent ici à la famille des grands anciens, chers à HP Lovecraft. Elles poireautent depuis des millions d’années au fond de l’océan, et sont donc à moitié recouvertes de crustacées et d’alluvions lorsqu’elles sortent se mettre des coups de tatanes dans les gencives (qu’elles n’ont pas, faute de « tronches » explicites) au milieu de Montevideo, la capitale de l’Uruguay. En bon patriote, Sanz préserve en effet sa capitale, située de l’autre côté du Rio de la Plata. De nombreuses séquences sont muettes et parfaitement évocatrices et scotchantes. De nombreuses scènes sont flippantes en raison des dimensions impressionnantes de ces léviathans dragonesques, de leur carapace originale et de leur inquiétant manque d’expressivité. On assiste un peu médusé à leur déploiement et leur bagarre, en restant assez peu impliqué par le scénario interlude qui met en scène une fillette, sa corne de brume, son papa dépassé et son fantôme de grand-père qui lui apparait en rêve pour l'inciter à sauver l'humanité.