L'histoire :
En 297 après Jésus Christ, l'empire romain est divisé entre celui d'Occident dirigé par Dioclétien et son César Galerius, et l'empire d'Orient mené par Marcus Aurélius Maximianus. Cette année là, le régent d'Egypte défie Dioclétien en se proclamant empereur lui-même. Galerius est envoyé mater cette rébellion, aux côté du centurion Georges, dont la bravoure et l'efficacité au combat n'ont d'égal que sa foi chrétienne. Faisant de l'ombre à Galerius et étant de plus peu enclin aux jeux politiques, ce dernier est néanmoins envoyé loin, à Cyrène, afin de mettre un terme aux agissements d'un monstre terrorisant la population...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On est d'abord cueilli par la finition sensuelle de l'objet : un roman graphique au dos carré collé, avec rabats, sous une couverture bichromie rouge et blanche mêlant avec brio la violence et le sacré. Sur les rabats : un légionnaire romain en proie au monstre. L'intérieur confirme la promesse avec de superbes planches aux dessins fins ciselés, où seuls quelques doux aplats grisés rehaussent le peu de contrastes noir et blanc. Ce dessin précis, à la fois souple et rigoureux, d'un artiste pourtant déjà connu chez nous, mais dans des albums davantage liés aux comics, avait déjà attiré l’œil, surtout avec deux titres : Astronautes (Panini 2013), récit SF aux couleurs vibrantes et solaires, et Love Kills (2017, Soleil), un thriller aux noirs et blancs magnifiquement contrastés. Ici, il nous happe au moyen des planches baignées de lumière, aérées, où le destin du centurion Georges, s'il serpente un moment, indécis, puis paraît ensuite tracé, va connaître une trajectoire définitive et âpre. Danilo Beyruth, s'emparant de la légende de Saint Georges, pourtant issue de faits historiques, parvient à créer un récit fantastique et prenant, crédible, où à aucun moment, on ne doute. Un peu finalement, comme ce héros antique populaire, surpris, mais pas démonté. La foi permet tout. Même d'obtenir ce genre de bijou en France, dix ans après sa création.