L'histoire :
La petite Julie est au coin, au fond de sa classe, punie à cause de Pierre-Henri, un autre écolier qui la regarde d’ailleurs désormais en chien de faïence. Et si elle est punie, c’est parce qu’elle a encore prononcé un mot de vocabulaire dont elle est championne : un gros mot. Elle en connait 239, et elle les consigne même dans un cahier de « mots pourris », toute fière de ce savoir qu’elle trouve rigolo. Tout est parti d’une bête partie de ballon dans la cours de récré. Pierre-Henri n’a pas voulu lui rendre alors que c’était à elle de le lancer… et Julie l’a littéralement pourri d’injures, jusqu’à un gros mot ultime qui a choqué tous les camarades qui assistaient à la scène. En sortant de l’école, Julie est fâchée d’avoir passé sa journée au coin. Mais surtout, elle trouve cela injuste, car Pierre-Henri, lui, n’a pas eu de punition. Elle s’en va raconter sa mésaventure à Madame Safi, une épicière d’origine sénégalaise. Et comme Julie s’effondre en pleurs avant de pouvoir parler, Madame Safi la prend sur ses genoux et lui demande de lui raconter ce qui lui arrive…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prononcer des gros mots, c’est drôlement pas bien. C’est cette morale de bon sens et essentielle que se propose de véhiculer ce grand album pour les tout-petits, à travers la métaphore simple et évocatrice des oiseaux colorés ou des monstres qui sortent de la bouche de Julie. Ainsi, les gros mots ne sont jamais écrits / prononcés par les personnages (ouf !) et ils ressemblent à des démons tout moches avec des cornes et des dents qui font grrrr. Et d’ailleurs, n’utilise-t-on pas cette expression : « Il/Elle a sorti plein de noms d’oiseaux ! » lorsqu’on veut souligner la grossièreté de quelqu’un ? L’adulte qui se confronte à cette histoire courte, la trouvera sans doute simpliste et moralisatrice. Mais si l’on accepte de perdre quelques années de maturité et de se plonger dans la mentalité d’un enfant de maternel, potentiel lecteur, reconnaissons que l’histoire fait sens et qu’elle transmet bel et bien à ce public-cible une leçon d’humanité et de bienveillance envers autrui. Anjale dessine ce scénario de Léah Touitou (un patronyme qui ressemble à un chant d’oiseau !) à l’aide d’un trait de dessin simple, mais limpide, majoritairement réalisé aux crayons de couleur.