L'histoire :
Cathy travaille dans une agence de pub. Chaque lundi matin, c'est un calvaire. Cet univers impitoyable est tellement kafkaïen qu'elle se retrouve parfois à faire la discute avec la machine à café. Ce jour là, tout démarre par un brief : il faut promouvoir une nouvelle crème cosmétique et hydratante élaborée notamment à partir de cellules fraîches de poulpe. Il faut juste une bonne idée et zou : concept de site, bannières, opé Facebook, petit film viral et tout ça pour après-demain. Et si possible pas cher. Étant donné que l'inspiration ne monte pas – même en tapant « poulpe » sur Google – il faut se résigner à organiser des brainstormings. Là se trouve une seconde difficulté majeure : pour monter une réunion, il faut qu'il y ait tout le monde, à peu près à l'heure en même temps, mais aussi qu'on puisse connecter l'ordi sur l'écran, puis sur le réseau, que tout le monde se sente un minimum impliqué sous peine de déliter la concentration... Et le pire, c'est que pour un même projet, des réunions, il en faut plein...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir passé 10 ans dans une agence de pub, Cathy Karsenty a ressenti le besoin (exutoire) de relater les affres et les subtilités de cette expérience professionnelle tumultueuse. Au sein d'un petit recueil souple inscrit dans la collection BD de Jean-Claude Gawsewitch (dirigée par Pénélope Bagieu), Bienvenue à l'agence propose une compilation de dessins pré-publiés sur le blog deconstrugtingtonino.com, sous la forme de « gags » en une ou plusieurs cases. Une problématique est donnée au départ : le brief pour une crème cosmétique élaborée à partir de cellule de poulpe. L'auteure décortique ensuite les différents aspects du job découlant de cette donnée : brainstormings, pannes d'inspiration, réunions, morcellement des tâches... ou plutôt concentration de la patate chaude. Le propos stigmatise un monde hypocrite et snobinard, où priment les apparences, la frime et l'Iphone salvateur. Il appuie sur le jargon anglicisé propre au job, sur des professions loufoques et abstraites (les « créas », les « éxés »...) et sur le rythme de fou qui est pratiqué en agence. Rien n'est tout à fait étonnant... ni tout à fait palpitant. Quelques bonnes inspirations dans les répliques accordent toutefois son intérêt à l'ouvrage, car côté dessin vectoriel, c'est relativement minimaliste (des grosses têtes rondes, des copiés-collés, des aplats de couleurs). L'objectif est clairement atteint : ça ne donne pas du tout envie d'aller bosser en agence...
