L'histoire :
Paula et Louna sont deux sœurs jumelles – de vraies jumelles donc sosies – qui tiennent un numéro de trapézistes au sein d’un cirque ambulant. Elles sont jeunes, gracieuses, elles prennent parfois des risques dans leur numéro sans filet, mais leur harmonie naturelle leur permet toujours d’anticiper et d’impressionner le public. Paula a juste tendance à être un peu plus débauchée que Louna : elle fait plus la fête, picole plus et elle est plus intéressée par les hommes. Elle a aussi plus d’ambition et des envies de voyage. Elle rêve notamment d’intégrer le grand cirque de Russie. Un jour, un lanceur de couteaux de la troupe appelé Ambroise la séduit. Ambroise et Louna débutent une idylle, qui éloigne logiquement les deux jumelles l’une de l’autre. Un jour, c’est l’engueulade de trop. Ambroise et Louna partent faire une tournée mondiale pour un numéro qu’ils ont mis au point ensemble. Paula reste au sein de la petite troupe. Deux ans passent et Paula reçoit un courrier de sa sœur. Louna est enceinte et malade. Ambroise est parti en tournée et l’a laissée seule pour quelques semaines. Elle demande à sa jumelle de venir d’urgence l’aider à accoucher. Paula fait donc sa valise et rejoint sa sœur. Elle la découvre seule dans sa roulotte, effectivement quasiment à terme et extrêmement affaiblie. Le bébé nait dans les heures qui suivent l’arrivée de Paula !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès qu’une intrigue met en scène deux sœurs jumelles, on peut être à peu près certain qu’il va y avoir une affaire d’inversion et/ou d’usurpation d’identités. C’est effectivement le ressort central de cette histoire imaginée par Anaïs Halard, qui embrasse le registre de la fable romantique et triste. Il est question d’une sororité forte, mais aussi d’un amour impossible et néanmoins tout aussi passionné. Le récit se déroule hors du temps, en marge de troupes de cirque, de campements dans la nature ou d’une chaumière, qui n’utilisent aucun élément permettant de situer une époque plutôt qu’une autre. Disons 1950, à plus ou moins 50 ans près. Il est aussi question de sacrifice, de culpabilité, d’aspiration à la liberté… A l’exception du caractère tragique, qui ne surgit pas là où on l’attend, la trame est légèrement cousue de fil blanc, mais au final bien menée, tendre et agréable à suivre. Le dessin d’Amélie Clavier en couleurs directes focalise très largement sur les deux personnages clés (les jumelles sont sosies, donc ne comptent que pour un seul chara-design), avec des décors souvent secondaires.
