L'histoire :
Qu'est-ce que « le belge » ? Il est important de souligner qu'il n'est ni bruxellois, ni wallon, ni flamand. Donc pas de problème de langue, ni de rivalités régionales. Pourquoi donc ne pas tenir pour acquis que ce pays sera le modèle de l'avenir ? « D'ici quelques années, la Belgique aura en effet conquis le monde. Pour une raison toute simple : elle est en avance sur son temps. Tout va donc se faire très naturellement, sans violence ni conquête de territoires ». Avons-nous bien lu ? Après tout, d'autres prophéties n'ont-elles pas été accueillies avec pareil septicisme ? Pour avoir un regard plus critique, revenons sur l'Histoire de ce petit pays, à partir du couronnement du premier roi des belges, Léopold 1er et de ses 6 ministres hommes. Pourquoi parler des ministres ? Parce qu'il y a 67 ministres en fonction actuellement. « Cela signifie donc qu'en 190 ans, le nombre de ministres a été multiplié par plus de 11 ! » C'est un souci, certes, mais il y en a un plus problématique pour nous, français. On oublie que la Belgique n'est pas un pays francophone. Il y a ceux qui parlent flamand d'un côté et ceux qui parlent français du côté wallon. Et à Bruxelles, on trouve les deux. Et de l'anglais aussi. Puisque le pays est multiculturel pourquoi devrait-il avoir une seule langue ? Cela est même souligné par des frontières au cœur de la nation. Bien évidement, cela amène à des conflits de pouvoir et donc à la difficulté d'avoir un gouvernement qui veut avancer dans le même sens. L'incertitude et la dérision peuvent tout changer et donc changer le monde... ou pas.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deux personnages sont aux commentaires de cet album parodique sur les mentalités et les clichés belges : un vieux qui ressemble au Gros dégueulasse de Reiser et un qui ressemble à un méchant dans Spirou et Fantasio. Alter egos auto-dérisoires des auteurs, ils mènent une réflexion progressive sur leur pays qu'ils connaissent bien. À leur côté, dans un autre contexte, un homme qui ressemble à Achille Talon symbolise le citoyen lambda belge. Il tente de parler avec neutralité de la complexité de l'Histoire, de la politique, de la langue... C'est original d'aborder le sujet de la Belgique en la prenant comme modèle pour sauver le monde. Bref, l'avenir sera belge ou ne sera pas. Très vite, on se rend compte que c'est un biais absurde pour aborder les spécificités de la nation qui coule dans leurs veines. Les auteurs n'en sont pas à leur coup d'essai, puisqu'ils ont déjà deux tomes à leur actif sur la destiné belge. Évidemment, si vous êtes français, l'intérêt est moindre pour ce genre d'ouvrage. L'image de ce pays est liée à sa culture, avec le 9ème art, son architecture, sa cuisine, ses boissons... Des sujets non traités car trop consensuels et qui ont peu d'apport critique. On n'évoque pas non plus ses humoristes, qui ont souvent du succès hors de leurs frontières. Peut-être Gilles Dal et Fred Jannin n'y voyaient aucun intérêt puisque ce sont eux les amuseurs. Du moins, on le croit, la réalité est toute autre. On voit les blagues, on comprend les sous-entendus mais cela ne fait pas tout. Rire est une activité agréable qui n'a pas été pratiquée ici. Le dessin est un peu grossier, non abouti, il n'aide pas non plus. On aimerait être emporté dans ce « système » singulier, qu'il soit politique ou linguistique. Le public ciblé reste très restreint, surement à ceux qui comprennent le mot « brol ».