L'histoire :
Célibataire et multirécidiviste dans le domaine des déboires sentimentaux, Calamity Jane débarque à la capitale. Paris, vaste terrain d’aventures sauvages, s’offre à elle. Primo, elle affiche partout une petite annonce pour trouver une colocation. Elle se retrouve avec deux copines qui regrettent instantanément de l’avoir acceptée parmi elles – l’annonce était pourtant explicite sur la propension de Jane à être « dynamique et sympathique » mais aussi méga-bordélique. Jane laisse trainer ses peaux de banane, ne range pas ses fringues, est capable de descendre 7 pintes de bières en une soirée, rentre bourrée aux petits matins… Jane a cessé de surveiller son poids, ce qui l’autorise à s’empiffrer de chips en glandant devant la télé. Jane a cessé de culpabiliser sur l’usage de sa carte bleue en période de soldes. Jane a cessé de tirer le rideau pendant qu’elle est aux toilettes, ce qui permet aux mecs des bureaux d’en face d’en profiter. Tel un cow-boy, Jane est aussi accro à la danse country et aux santiags (ce qui n’est pas incompatible avec la bière). Enfin, elle prend des petits plaisirs tout simples à enchainer les mesquineries ordinaires…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Concocté par la blogueuse Jeanne Gaullier, ce (premier ?) recueil de Calamity Jane met en scène les aventures du quotidien urbain pour une jeune femme célibataire au comportement folklorique. Car pour vivre pleinement la nouvelle et épanouissante vie parisienne qui s’offre à elle, cette décomplexée glande, boit, s’empiffre et écrase de son gros popotin toutes les petites contraintes de la vie (problème de fric, de mec, de poids, de bonne tenue en société). Elle dispose d’une propension insolente à étouffer instantanément le moindre scrupule qui ose poindre et joue le rôle du boute-en-train de service. La métaphore du western sert ici de fil directeur, à la fois dans les titrailles des « gags » (en une planche, une pleine page ou trois cases), mais aussi dans les détails de sa vie : elle aime la country et s’est faite poser des éperons sur ses chaussures à talons. Pour la psychologie de ce personnage de « macadam cow-girl » emplie de petits défauts assumés, Gaullier s’est sans doute beaucoup inspirée de Bridget Jones – mis à part la quête du grand amour qui passe ici au second plan. Pour le dessin, l’auteur emprunte une veine graphique plus proche du registre de blogosphère humoristico-féminine dans lequel elle s’inscrit (Diglee, Margaux Motin, Pénéloppe Bagieu). Les profondeurs de champs et les postures sont parfois originales ; les expressions faciales caricaturales et exacerbées finissent en revanche par lasser. Si l’humour n’est pas des plus percutants, le concept a le mérite d’être cohérent et varié.