L'histoire :
Comme cela arrive souvent, Tilda tarde dans la salle de bain. Ses parents râlent : elle se met encore en retard pour le lycée ! A la bourre, elle demande donc à sa sœur jumelle Manon de la déposer avec son scooter. Il n’y a qu’un casque pour deux, Manon exige que Tilda le porte. Chemin faisant, déconcentré par son téléphone portable, un livreur en camionnette percute les deux frangines… Manon ne survivra pas à l’accident. Tilda entre alors dans une profonde dépression. Elle se sent pleinement responsable de la mort de sa jumelle. Si elle n’avait pas trainé dans la salle de bain… Si elle avait exigé que ce soit Manon qui porte le casque… Après des tentatives de suicide, Tilda est internée dans un institut, pour une thérapie psychologique au long cours. C’est là qu’elle aperçoit un jour son premier fantôme, lors d’une soirée spiritisme secrète avec d’autres jeunes patients de son âge. Le spectre d’un homme barbu, transparent, hagard et muet, se tient dans la pièce. Tilda ne parle de cette apparition qu’à son pote Camille. Mais dans les jours qui suivent, elle se met à en voir plein ! Les fantômes errent autour d’eux, éperdus et inoffensifs, à tout endroit de la ville. Dans la foulée, Tilda est contactée par une mystérieuse femme qui se présente comme une chasseuse de fantômes. Cette femme lui propose son aide pour « libérer » les âmes errantes qui la hantent, et au-delà…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tilda culpabilise de la mort de sa sœur jumelle, au point de mettre son psychisme dans un état exceptionnel de réception. Comme le petit garçon dans le 6ème sens, mais en plus éthéré, elle peut désormais voir les fantômes des morts qui n’ont pas encore tout réglé avec les vivants. Ce pitch ésotérique est un classique du registre, mais il parlera (une nouvelle fois) aux adolescents en quête de sensations et de réponses face au grand mystère de la Mort (brrr… tremblez, mortels !). Les éditions Jungle classent logiquement cette histoire scénarisée par le romancier jeunesse Mikaël Ollivier dans sa collection Frisson. Toutefois, à la quête intime de l’héroïne Tilda pour retrouver la quiétude de l’âme et se débarrasser de sa culpabilité, se greffe une seconde intrigue plus rocambolesque, de série B, avec les curieux agissements de la « chasseuse de fantôme » (nous ne divulguâcherons pas au-delà). Celle-ci n’apporte rien au propos principal et rallonge inutilement la sauce d’une histoire qui comporte quelques longueurs. Outre cet écueil réel, on sent aussi dans la manière de narrer non conventionnelle d’Ollivier, qu’il s’agit de son premier scénario BD. D’étonnants raccourcis narratifs, des ellipses curieuses ou au contraire des scènes de dialogues plus longues que d’ordinaire, permettra au lecteur régulier de 9ème art de sortir des routines académiques, sans se perdre pour autant. Sans rien révolutionner, cette histoire de fantôme se lit avec plaisir. Au dessin, dans un décorum contemporain très standard, Nicolas Pitz déroule son trait semi-réaliste agréable, avec quelques vraies trouvailles graphiques – la représentation des fantômes et surtout les scènes dans le noir. En sus du divertissement tout public, on en retire une double leçon : portez un casque quand vous faites du scooter, et ne regardez pas votre téléphone portable en conduisant.