L'histoire :
Paris en ruines a été recouverte par une luxuriante et épaisse jungle urbaine. Des vautours attendent patiemment leur prochaine charogne, qui ne tardera pas à arriver. En effet, la jeune métis Hélène est traquée par un gros tigre échappé d’un zoo. L’adolescente est déjà blessée par une profonde griffure au bras. Elle gagne un répit lorsque, depuis le toit d’un arrêt de bus, une autre ado lui vient en aide en tirant des cailloux en direction du gros félin à l’aide d’une fronde. Les deux ados se réfugient dans l’habitacle d’une voiture coincée entre de grosses racines. Wired sort son smartphone pour filmer le tigre qui tourne en rond autour du véhicule, frustré par cette double proie inaccessible. Après quelques temps, le félin est reparti, lassé. Wired sort de la voiture et charge Hélène sur son dos, inconsciente. Elle la ramène chez « elle », dans un appartement avec vue sur la tour Eiffel. Cet appartement a une particularité dingue et incompréhensible : il est encore alimenté en électricité ! Cela est fort utile, car Hélène est une pro des nouvelles technologies. Et elle balance des vidéos sur ce qui reste d’Internet, à destination des autres survivants qui en font de même. Hélène revient à elle, avec un bandage sur le bras. Wired lui offre une glace sortie du congélo. Hélène la dévore littéralement. Soudain, un bruit d’hélicoptères se fait entendre depuis l’extérieur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ignorera toujours ce qui s’est passé pour en arriver à une telle situation catastrophique (comme une bonne blague, la 4ème de couv’ informe qu’il y a eu un pépin écologique !). Nonobstant, le point de départ et le décor unique de cette aventure post-apo en one-shot est une ville de Paris en ruines. Débarrassée de 99% de l’humanité, elle est recouverte par une jungle luxuriante qui prolifère visiblement depuis des mois, voire des années. Une BD dont le contexte est une jungle, éditée par Jungle, voilà une jolie mise en abyme… et l’abime des ruines dans lequel deux adolescentes tentent de survivre en est une autre. Hélas, il vous faudra vous contenter de ce prétexte un peu gratuit, du côté du scénario manichéen et superficiel. Car le binôme d’héroïnes se contente d’être traqué par de méchants militaires (avec un général en chef sosie d’Edouard Balladur !) dont l’objectif basique est de faire table rase de Paris et de ses occupants. La psychologie des personnages est aussi sommaire que les motivations des persos sont simplistes et les rebondissements rocambolesques. Bref, ça se traque, ça se capture, ça bondit dans la jungle ou dans les égouts… L’unique plus-value de cette histoire qui se termine en queue de poisson, est de profiter de vues étonnantes sur les monuments de notre capitale envahie par une dense forêt exotique (et par la faune qui va bien avec). Sur ce point, le job de Kmixe (dessinatrice française, de son vrai nom Camille Bricod), qui a défini la charte graphique, les personnages et dessiné les 7 premières planches, est profitable. La déclinaison de tout ce qui s’ensuit, confié à une équipe italienne (Marcello di Martino, Danilo Loizzeda et le studio Yellowhale pour les couleurs chatoyantes), est plus discutable, notamment au niveau des proportions et des postures bancales. Surtout lorsque les héros donnent des coups de pieds dans des trucs qui partent à l’inverse de leur trajectoire naturelle (p.38, première case), ou des coups de poings sur la mauvaise joue (p. 53, dernière case).
