L'histoire :
Au printemps 1925, une expédition coloniale française composée d’autochenilles arrive au palais du sultan de la cité d’Arusha, en Afrique de l’Est. Le Pâdischah les reçoit avec beaucoup d’égards, car il partage la même passion qu’Hubert de Beauterne pour la chasse. Surtout la chasse aux espèces bizarres ! Il leur fait même la visite privée de son petit musée des curiosités, contenant un tuyebela empaillé (une sorte de lynx avec des dents de sabre et des ailes !). Le sultan demande alors expressément à Imani, une adolescente massaï qui connait très bien la région, de servir de guide aux français. En raison d’un petit chantage, Imani n’a pas le choix. Voilà donc la cohorte des autochenilles qui repart. Ils traversent des paysages sauvages somptueux et profitent de chacune de leurs étapes pour faire commerce avec des autochtones. Chemin faisant, le jeune français Billy tente de sympathiser avec Imani. Mais la gamine reste insensible à ses tentatives. Il faut attendre une chasse au rhinocéros, lors de laquelle Billy fait semblant d’être maladroit, et fait du bruit afin d’effrayer le pachyderme, pour qu’Imani comprenne qu’il est de son côté. Ce faisant, Billy découvre aussi qu’Imanie appartient à l’ordre des « Tanda Za-Balu », c’est-à-dire des danseuses guerrières qui communiquent par l’esprit avec les forces de la nature…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A priori, le Konghoro n’existe pas. Cette région fictive, située aux confins de l’Ethiopie et de la Tanzanie, s’avère donc un lieu idéal pour rejouer une partition proche du Monde perdu de Conan Doyle. Une expédition coloniale occidentale part ainsi dans cette région jadis frappé par une météorite. Dans le cratère caché et inaccessible qui en résulte, la nature a profondément altéré une faune et une flore endogènes. L’exotisme des paysages et la lumière de la latitude est aussi le cadre rêvé pour une idylle naissante entre deux adolescents d’origines éloignées – une ado massaï et un jeune français… en kilt (!?). Enfin, à la fin de cette ère des grandes découvertes (1925), il est forcément encore possible de dénicher une tribu qui communique différemment de nous avec la nature. C’est à cet amalgame de thématiques propres à faire rêver les jeunes lecteurs que s’est livré Nathaniel Legendre avec ce (premier ?) tome de Konghoro, qui a un peu tendance à partir dans tous les sens, mais se laisse lire comme un divertissement acceptable au premier degré. Cette aventure est enluminée et animée par l’italienne Licinia Tozzi, dont la griffe déjà bien aboutie se révèle à la fois caricaturale, fine et détaillée… et surtout très colorée (par Gibie). Cet album n’a pas d’autre prétention que celle de nous emmener loin de notre morne quotidien, à une époque et en des lieux où il est encore possible de rêver, aux côtés de jeunes gens insouciants et avides de croquer la vie. Le scénariste surfe en outre sur un contexte qu’on n’a guère l’habitude de croiser en BD.
