L'histoire :
Un jour, l’américain Hiram B Otis achète le manoir de Canterville House, en dépit de sa réputation fantomatique. Lord Canterville précise bien à Otis, au moment de la vente, que des mains de squelette, un fantôme et des bruits mystérieux ont été aperçus et entendus à plusieurs reprises… Mais Otis est cartésien, courageux et il installe toute sa famille dans les lieux. Ils sont accueillis par la vieille gouvernante, Mrs Umney, austère et acariâtre, qui explique pour commencer l’origine de la trance de sang indélébile située sur le plancher de la bibliothèque : c’est le sang de lady Eleanore de Canterville qui a été assassinée par son mari Simon en 1575. Le fils ainé, Washington Otis, se fait un challenge de faire rapidement disparaître la tâche à l’aide du superdétersif Pinkerton, un produit ultra détachant. Ils passent ainsi une première nuit d’orage épouvantable. Le lendemain, la tâche a réapparu… et il en ira de même chaque matin des jours suivants, alors même que Washington nettoiera la tâche tous les jours et que la porte de la bibliothèque sera fermée à double tour. Quelques nuits plus tard, c’est le squelette fantômatique qui apparait en dansant la gigue devant Mr Otis lui-même. Otis ne s’alarme pas et demande au squelette d’huiler ses chaînes afin de faire moins de bruit. Ce calme humain en toutes circonstances a le don d’agacer particulièrement le fantôme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La nouvelle collection Jungle Pépites est dédiée à l’adaptation de romans classiques et contemporains prescrits par l’Education Nationale. L’ambition d’attirer les plus jeunes à la lecture et de séduire leurs professeurs via le support BD est louable. Malheureusement, cette adaptation du Fantôme de Canterville, d’après Oscar Wilde, ne trouve pas le juste rafraîchissement dont il aurait eu besoin. Le challenge était de taille : respecter le ton et l’écriture légèrement désuète, transmettre un minimum de frisson et s’adresser au plus difficile des publics : les ados de 2018, formatés aux smartphones, aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux. Dans un registre d’épouvante léger, le cœur du récit s’articule autour d’une apologie du flegme, du cartésianisme et de la prise de distance vis-à-vis des sciences occultes qui passionnaient la société à la fin XIXème. Le romantisme morbide fait pourtant partie des thématiques graphiques de prédilection d’Ellea Bird, mais la jeune autrice ne parvient pas à dynamiser le récit. La griffe artistique est certes au point dans son registre jeunesse, mais vraiment gentillette ; les couleurs en aplat déclinent une gamme fade et sans relief ; les descriptifs et les dialogues ne s’émancipent pas du ton littéraire. Bref, l’auteur n’utilise pas pleinement tout ce que en quoi le « médium BD » aurait pu transcender l’œuvre originelle. Peut-être aurait-il fallu s’inspirer du décorum gothique réinventé par Tim Burton…