L'histoire :
Un petit garçon et son papa viennent juste d'arriver dans le bayou. Ils restent perplexes devant la cabane en bois qui va désormais leur servir de logement, car leur maison à la ville a été emportée par un ouragan. Aussitôt, la petit Liloye court prévenir son « adopteuse » Ovila, une bedonnante mama noire qui officie dans ce coin paumé de Louisiane en tant que sorcière. « On a de nouveaux voisins ! » Elles souhaitent toutes deux rapidement la bienvenue à Joshua et son fils Blaise, en leur faisant un peu peur avec leur animal domestique : un petit alligator prénommé Gaby. Or Gaby est gentil, en fait, il faut juste éviter de lui marcher dessus et de lui brosser les dents. Liloye et Ovila donnent un coup de main à leurs nouveaux voisins, afin de nettoyer et retaper cette bicoque. Mais malgré les efforts de Liloye pour dérider ce petit garçon de son âge, elle constate qu'il faudra pas mal de temps à Blaise pour accepter sa nouvelle vie. Liloye lui propose d'utiliser la magie pour faire fuir ses craintes. Elle concocte tout d'abord un filtre pour ratatiner ses peurs... mais il n'est pas très ragoutant. Alors la nuit suivante, elle joue à faire peur à Blaise et son papa, en imitant le « Rougarou ». Une fois qu'elle s'est démasquée, elle leur raconte que le Rougarou existe vraiment : c'est un sale gosse prénommé Jimmy qui a été abandonné par ses parents et ensorcelé par un sorcier et qui se transforme chaque nuit en loup...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture est explicite : ce premier tome des Enfants du bayou propose une aventure jeunesse bienveillante et pleine de bonnes intentions. Un papa et son fils (des blancs) se retrouvent ici forcés de s'installer dans le bayou, cette vaste région marécageuse située en Louisiane, à l'emplacement du delta du Mississippi. Or leur cabane est voisine à celle d'un foyer complémentaire : une femme et sa fille adoptive (des noirs). Evidemment, un jeu de séduction et d'entraide s'installe, qui évolue ensuite vers la problématique d'un enfant sauvage, qu'il s'agit de rééduquer. Le cadre verdoyant du bayou reste cependant l'élément central du scénario d'Isabelle Bottier. On retrouve tous les éléments typiques : les alligators, les balades en bateau/radeau sur les méandres de la mangrove, la magie vaudou... Il ne manque que les excès d'une météo tropicale humide – peut-être pour les prochains tomes ? Le lecteur adulte trouvera sans doute cette histoire un peu mièvre – le pathos culmine lorsque les enfants rendent visite à la mère de l'enfant sauvage, qui culpabilise vaguement de l'avoir abandonné. Mais bon, les adultes ne sont clairement pas la cible, et un surplus de bonnes intentions ne nuit jamais. Le dessin simple et coloré d'Eva Roussel colle au ton gentillet... mais dépaysant et frais, de ce premier tome.