L'histoire :
Gorgona va avoir quatorze ans. Elle est la princesse du peuple démon, et vit avec son père, le roi. La mère de Gorgona a disparu quelques temps après la naissance de sa fille. Et pour ne rien arranger à la situation, la princesse a attiré l'attention pour une autre raison. Au sixième anniversaire des enfants démons, ils révèlent leur pouvoir. Cela leur permet ensuite de développer leur propre talent. Mais la petite Gorgona n'a jamais révélé le moindre soupçon de magie... Jusqu'à ses quatorze ans, elle a vécu seule, isolée et recluse. Pour son anniversaire, son père lui fait un cadeau. Il lui offre une boîte qu'il gardait auprès de lui pour conserver un peu plus le souvenir de sa femme. Gorgona se retrouve avec une petite boîte bleue ornée d'une lune, qu'elle n'arrive pas à ouvrir. Alors qu'elle s'acharne sur le couvercle, une aura lumineuse la mène jusqu'à un tableau représentant une cabane en lisière de forêt. Gorgona tend la main... Et se retrouve dans un autre univers, de l'autre côté du tableau. Et c'est sa grand-mère paternelle qui l'accueille. Pour son anniversaire, elle souhaite lui offrir un voyage. Un voyage que la jeune fille va devoir entreprendre en solitaire, si elle veut espérer trouver des réponses à ses questions, comprendre ses origines, et en savoir plus sur sa maman.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2019, aux éditions Jungle, paraissait Maléfices : les contes d'Alombrar. Nous avions découvert l'univers croisé d'Elsa Bordier, scénariste (Moineau, La grande ourse) et de Sanoë (Le silence est d'ombre, Lumière le voyage de Svetlana), dans une aventure tirée des contes de fées entre Michèle et Gorgona. Le premier volume se suffisait à lui-même, et nous proposait une histoire complète. Les deux autrices ont pourtant fait le choix de développer davantage leur intrigue et de nous proposer un tome 2... qui est en fait un préquel au tome 1 (ce chapitre se termine sur l'ouverture des Contes d'Alombrar). Ici, nous suivons Gorgona, dans sa quête identitaire, et dans son voyage initiatique à la recherche de ses origines. Nous pouvons mettre en parallèle les questionnements liés à l'adolescence : d'où venons-nous, où allons-nous et surtout... que souhaitons-nous vraiment ? Progressivement, Gorgona va le découvrir et elle va même avoir un élément de réponse sur ses désirs amoureux. On notera une case suggérant un baiser entre les deux héroïnes, ce qui n'est pas si fréquent dans une BD destinée à un public jeunesse, mais qui permet de montrer toute la diversité des personnages, tout en la banalisant. Et ça, c'est plutôt très positif de voir que la BD jeunesse reste progressiste et dans l'air du temps ! La narration est fluide, et les interactions entre les protagonistes se font naturellement. Nous sommes immergés dans des décors féeriques, foisonnants de détails, que le dessin de Sanoë vient sublimer.