L'histoire :
Dans une maison dotée de très grands volumes, Oscar peint. Il peint une scène qui a marqué sa vie. Une femme prend un coup de poing à la tempe sur un ring de catch. Son fils, Yann, lui dit alors qu'il va voir sa mère et demande à son artiste de père s'il veut venir avec lui. « Hein ? » est la seule réponse qu'il obtient de son daron... Alors qu'il prend son skate, sa grand-mère lui demande de l'attendre. Elle, elle va l'accompagner. Et tous deux se rendent au cimetière, où ils se recueillent sur la tombe de la mère de Yann. Elle a perdu la vie sur un ring... A peine sortis du Boulevard des allongés, Yann est percuté par une furie en vélo. Mémé est outrée, mais la blondasse sur le deux-roues lui jette d'un air rageur que sa place est en maison de retraite. L'ado, quand à lui, ne comprend pas. Il ne sait même pas ce qu'est une maison de retraite. Alors la fringante aïeule lui explique qu'après une longue vie de travail, on est récompensé par le versement d'une pension. Et que certains vieux vivent dans des maisons pour retraités. L'après-midi, Yann retrouve ses potes pour un ride. Il passe devant un immense portail en fer forgé qui semble garder un sinistre manoir. Une plaque indique : Maison de retraite des Sapins. C'est alors qu'un molosse les attaque...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette (première !) BD, Jean-Luc Lafesse signe une parodie qui a tout du feuilleton télé délirant et en même temps vraiment mignon. Prenez une gentille mémé qui a bloqué sur sa période Punk, dans les années 70, une toute aussi gentille histoire de retrouvailles familiales ; campez des méchants aussi crapuleux qu'abrutis ; plantez le décor d'une maison de retraite qui est en réalité un mouroir, limite un abattoir à vieux ; et vous aurez tous les éléments d'une intrigue qui n'en est pas vraiment une, tant son déroulé est convenu. Alors il se dégage deux sentiments contradictoires à la lecture de cet album : soit on est sensible au côté bon-enfant et grand-guignol, soit on cherche désespéramment l'aspect subversif que la couverture peut suggérer... Pour résumer à l'extrême, cette histoire est rigolote, mais elle n'a aucune crédibilité ! Bon an, mal an, la sauce fonctionne tout de même, malgré le fait que le Punk qu'affiche cette mamy s'avère en réalité super soft. Lafesse n'a jamais choisi l'humour cassant et après tout, c'est la même chose ici. C'est carrément bon enfant, avec une happy end pleine d'une gentille morale. Tout le monde est heureux et il n'y a pas de « no future ». On se dit même qu'un titre comme Happy Punk Mamy aurait parfaitement collé. Côté dessins, Alexis Chabert envoie des planches avec des persos découpés à la serpe, entre vieux croulants et jeunes aux allures dégingandées. Son style colle bien aux histoires d'humour indé. Voici donc un album « grand-public » qui se lira sans déplaisir, pourvu que vous n'attendiez pas de grosse déjante à base de crête hardcore. Punk but kind !