L'histoire :
Quel stress, la réunion parents-professeurs au collège. Jude s'inquiète beaucoup car sa mère est venue, tout comme ses grands-parents et son père déguisé en Elvis Presley. Elle espère que personne ne fera le lien entre eux et elle, sinon elle sera la risée de l'école le lendemain. Par chance, le charmant Carter qui lui fait les yeux doux va attirer l'attention, malgré lui. Le lendemain, l'adolescente s'attire les foudres d'une fille populaire qui n'a pas apprécié qu'elle raconte des mensonges à son compte au beau gosse. Le petit blond mignon n'a de yeux que pour Jude. Elle n'est pas insensible à son charme. Toutefois avec tout ce qu'elle doit gérer à la maison, son esprit est ailleurs. Depuis toute petite, elle habite en effet chez ses grand-parents et malheureusement sa grand-mère adorée est atteinte d'Alzheimer. Son papi veille aussi sur sa mère qui est alcoolique et refuse d'accepter sa maladie. Aussitôt qu'elle fait une promesse, un verre vient tout effacer. La confiance en soi n'apparaît pourtant pas au fond de la bouteille, contrairement à l'oubli. Le mariage de son père ne va pas arranger les choses. La colère de la génitrice va prendre le dessus et gâcher un moment inoubliable. L'addiction n'excuse pas toujours tout, surtout si l'on refuse de se soigner et qu'on fait souffrir son entourage. En atteignant le fond du trou et en voyant la douleur des autres, le déclic du changement pointe le bout de son nez. Notre héroïne peut enfin avancer sereinement et apprendre à faire confiance aux autres pour être plus heureuse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le succès de Cathy Cassidy ne se dément pas. Les romans de ses séries (Le bureau des cœurs trouvés, Les filles au chocolat) trouvent facilement leur public. C'était comme une évidence qu'ils soient adaptés en BD. Les lectrices retrouveront leurs héroïnes avec délectation. A nouveau, on suit ici les aventures d'une adolescente presque comme les autres. Les codes graphiques restent semblables à ceux du même acabit. Mise en page classique, couleurs douces et chaudes... L'auteure ose aborder des sujets assez sensibles comme l'alcoolisme d'un parent, la maladie d'Alzheimer chez les personnes âgées, la mort et le handicap mental. Le personnage principale n'ose parler de cela qu'à sa meilleure amie. Si les autres savaient, ils viendraient à se moquer d'elle. Le besoin d'un conformisme social, surtout à l'école, induit une peur permanente. Quelle adolescente ne se reconnaîtrait pas dans ce mal-être? Deux choses nuisent en revanche à l'équilibre du récit. Pourquoi finir absolument sur un happy end des plus improbables ? Une alcoolique n'arrête jamais de boire d'un coup et ne se remet jamais pleinement sur pied après une petite cure. Ici, tout le monde se marie et tout le monde finit heureux. On nous montre que les choses sont complexes, puis on conclut sur une incongruité étonnante. Un autre hiatus repose sur le manque de représentation de la diversité. Tous les élèves du collège sont beaux, minces, avec des yeux bleus/verts. Pas de gros, de petits, de très maigre, trop grand et peu de gens de couleur, ce qui semble peu vraisemblable. Cet élitisme est surement le regard critique d'une adulte... Les jeunes lectrices y verront peut-être surtout une adolescente qui doute et qui découvre l'amour.