L'histoire :
Dans l’entre-deux-guerres, Michel Plessin est un inspecteur de police beau gosse et volage. Il se retrouve en mauvaise posture le jour où ses collègues font une descente de police dans un lupanar où il a ses habitudes. Il s’enfuit à toutes jambes en compagnie d’autres clients en passant par les égouts, puis les catacombes. Pour occuper les policiers qui le coursent, il s’arrange pour freiner un autre client bedonnant en caleçon. Hélas, lorsqu’il sort enfin des catacombes, un coup de matraque et le panier à salades l’attendent. Il se retrouve face à son supérieur commissaire très en colère : l’homme dont il a neutralisé la fuite est un député de la République. Pour le punir, le commissaire le mute à Marseille où il devra résoudre une affaire de meurtre dans un village proche. Plessin n’a pas le choix… il profite du voyage en train pour se documenter sur l’affaire. Marcellin Mérantès, fils d’une riche famille du Baux des Alpilles, a été retrouvé massacré à coups de pierre. La famille Mérantès est puissante dans ce village et liée de près à une seconde riche famille, les Soubert. Les héritiers se marient entre eux, ce qui assure la prospérité de la descendance. A l’arrivée à la gare, il fait nuit. Il se fait conduire en calèche au centre bourg, où il découvre l’hôtel local fermé. Un gamin des rues lui propose de lui faire une présentation rapide des lieux, avant que l’agent Bonnot prenne la suite…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On peine à entrer franchement dans la lecture de ce polar classique, qui prend pour contexte l’entre-deux-guerres en France. Peut-être le style dessin semi-réaliste aux proportions et aux profondeurs fluctuantes, ou le découpage artisanal, semblent-ils de prime abord un peu naïfs… Et pour autant, quand l’enquête débute véritablement, on se laisse prendre. Le tigre dont il est question n’est évidemment pas un grand félin, mais un policier de Clémenceau, lui-même surnommé « le tigre ». Et « la campagne » du titre est un petit patelin provençal des Alpilles (entre Arles et Avignon), où un fils de bonne famille a été assassiné à coups de pierre sur le crâne. Rassurez-vous, ce ne sera pas le seul cadavre… Dès lors que les faits sont exposés et que l’enquête du flic héros et beau gosse débute, puis qu’elle se corse, qu’elle se disperse sur de mauvaises pistes, on est ferré. Les liens et les secrets de deux puissantes familles à la fois rivales et interdépendantes feront le sel de l’affaire. L’enquête est longue de 94 planches, et malgré quelques facilités et points d’agacement anachroniques (la réflexion préférée de ce flic des années 20 est « Que du bonheur ! »), elle s’avère finalement cohérente et régulière dans sa griffe artistique particulière et originale.