L'histoire :
Après un long vol spatial en solitaire, le lieutenant Lohraïa Kovalski est extraite de son hibernation par le pilote automatique de sa navette. Une douche, un café, une clope et elle atterrit au sein du hangar de la base-astéroïde Ouranos. Le colonel Tower l’accueille aussitôt avec un rapide brief sur la mission qui l’attend. Elle va devoir effectuer un vol de reconnaissance de la planète Aoba, sur laquelle l’amirauté craint des activités d’autochtones autonomistes. Une mission de routine, mais elle va devoir voler à bord d’un croiseur à moitié en réparation, qui n’a pas eu le temps d’être armé. Kovalski est blasée et ne se pose donc pas plus de question que cela. Hélas, à peine est-elle entrée dans l’atmosphère de la planète, que deux hommes au sol la prennent pour cible avec un lance-missile high-tech. Kovalski repère immédiatement qu’elle est « accrochée », mais toutes ses contre-mesures sont inefficaces. Elle se prend le missile dans le moteur… et son éjection automatique est également foireuse. Mais Kovalski est expérimentée et elle parvient à faire un atterrissage catastrophe potable. Pendant que les hommes au sol vont vérifier si le pilote de l’appareil qu’ils viennent de dégommer est bien mort, la femme officier Spector de la base Ouranos mène une enquête pour comprendre comment cet attentat a pu se produire. Et ce qu’elle découvre est d’une ampleur insoupçonnée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle série de science-fiction prévue en trois tomes est désarçonnante à plus d’un titre – et donc intéressante. Sur les premières pages, les éléments du décorum (sarcophage d’hibernation, gravité artificielle, base dans un astéroïde…) laissent initialement penser qu’on va suivre un scénar de série B, classique et prévisible. Et pourtant, la narration ne vous prend pas par la main. Il faut patienter pour tout comprendre, dans le désordre – mais cela se révèle finalement fluide. Comme autre particularité notable, il n’y a que des héroïnes : les personnages masculins se font tous buter, de préférence sans sommation. Cette violence est également un détail intéressant : quand ça flingue, la cervelle gicle, les membres partent en petit bouts avec ce qu’il faut d’hémoglobine. Enfin, surtout, le séquençage narratif est très marqué en mode alternatif : aux séquences visuelles totalement dépourvues de textes, mais pas de grandes cases spectaculaires (on compte pas moins de 10 cases géantes sur un planche entière), s’alternent des passages d’explications très fournies, avec des phylactères à rallonge (p.32, p.75). On sent que l’auteur Pierre le Pivain, alias Le Pixx, a particulièrement travaillé son récit, tant dans le scénario aux dimensions diplomatiques, que sur le plan visuel, très efficace. Le dépaysement est garanti, les passages musclés s’enchaînent à haute dose et d’intrigantes zones d’ombre restent à être éclaircies. Chic, il reste deux tomes pour tout piger !