L'histoire :
1977, pénitencier de Kairnes. Le colosse Floyd Thorne, condamné à mort, est encadré par deux gardiens armés qui le convoient en ville afin qu’il rencontre son avocat. A peine sorti de sa cellule, le prisonnier saute sur ses geôliers et les massacre. Dans les minutes qui suivent, avec ses chaînes, il étrangle un mécanicien, tue un autre gardien et dérobe une Ford mustang de l’administration carcérale, ainsi que des armes. Quatre macchabées en 13 minutes 58 secondes. Une cohorte de véhicules s’élance dans le désert à sa poursuite. Floyd Thorne trouve refuge dans un abattoir pour cochons. Dans une pièce exigüe inondée par une odeur de mort et de carnage, courent des gorets apeurés, tandis que quatre ouvriers débittent de la barbaque. Le fugitif menaçant leur demande de l’aide pour se débarrasser de ses menottes. L’un des bouchers tente un acte héroïque mais se retrouve avec une balle de 357 Magnum qui lui traverse l’œil gauche, l’os frontal, le cortex cérébral et l'os pariétal…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qu’on ne s’y trompe pas, cette ballade n’est pas poétique mais davantage meurtrière, avec des allures de road-movie barbare. Elle est offerte par Denis Van P. Dès les premières pages, le décor est planté avec un personnage principal qui semble n’avoir rien à perdre. On se doute que la cavale de ce condamné à mort va être explosive, débordante d’adrénaline et de testostérone. Face à lui, Floyd trouve sur son chemin une femme shérif de 62 ans qui n’a pas non plus beaucoup de considération pour l’espèce humaine. Au fil des pages, de quelques flashbacks, on comprend les raisons qui ont façonné Floyd en un type froid, indifférent et violent. Cette brute épaisse n’a eu pour seul héritage que la cruauté d’un père dénué d’affection. Malheureusement, Floyd n’est pas un tendre non plus avec les femmes, y compris avec celle qui lui fera « le pire des cadeaux » qui l’amènera à cette cavale folle. C’est une histoire explosive dont la violence extrême est parfois désamorcée avec un humour décalé. La narration n’est pas linéaire avec une chronologie malmenée, mais au final parfaitement adaptée au récit. L’auteur porte une attention particulière aux dialogues ciselés ainsi qu’à la fourniture de détails descriptifs, comme le modèle des armes employées. Graphiquement, le gris domine. Seules les taches de sang colorées se détachent des planches pour accentuer le côté sombre de ce récit. Les personnages ont des traits caricaturaux. Le dessin à peine encré est doté d’un dynamisme qui insuffle une belle énergie. Cet album a vu le jour grâce à un financement participatif.