L'histoire :
Les quatre chevaliers noirs traversent les contrées obscures du Dodensland, semant la mort et la désolation. Chevauchant leurs destriers en armures, équipés d’épées géantes qu’ils manient avec aisance, anonymes en raison de leurs capuches ou de leurs masques, ils convertissent les champs de bataille en boucherie, ils pulvérisent toutes les armées qu’ils rencontrent. Ils n’ont ni nom, ni patrie, ni religion, ils sont juste des âmes damnées en quête de destruction totale et absolue. Reclus en son château, le seigneur Freghon s’inquiète de l’absence de sa fille Sirhui. Elle est encore sortie seule dans la forêt, alors même qu’elle est aveugle. Freghon redoute l’arrivée des chevaliers ténèbres. Il sait qu’ils approchent, son aruspice Troeg a lu le mauvais présage dans les entrailles d’un gibier. Le seigneur demande à son capitaine en chef Thernal – à qui est promise Sirhui – de préparer la forteresse à l’état de siège. Pendant ce temps, la frêle et innocente Sirhui qui s’est arrêtée pour humer le doux parfum d’un rosier, croise la route desdits chevaliers. Sa cécité l’empêche d’être terrifiée. Ils exhalent pourtant une odeur putride… La pureté de l’adolescente déstabilise les chevaliers dans leur habitude de tuer. En toute ingénuité, elle leur offre le gîte au domaine de son père…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On a déjà croisé ces chevaliers venus du tréfonds des enfers dans diverses œuvres judéo-chrétiennes. Jadis ils étaient 7 dans le Nouveau Testament, puis réduits à 4 dans un tableau de Vasnetsov (1887 : conquête, guerre, famine, mort). C’est plus exactement l’esthétique de dark fantasy véhiculée par les œuvres de Robert E Howard (Conan) ou JRR Tolkien et son célébrissime Seigneur des anneaux, popularisé au ciné par Peter Jackson, qui a ici inspiré Corbeyran pour le début d’une saga médiévale-fantastique sombre et obscure. Le pitch est simple : au cœur d’une nuit moyenâgeuse permanente, ces quatre mystérieux et infernaux chevaliers répandent la désolation et la barbarie à leur passage, telle la moissonneuse-batteuse sur le champ de blé, les obus de Poutine sur le Donbass ou Mariah Carey sur Noël. Vont-ils aussi éradiquer l’innocence incarnée par une fillette aveugle à l‘âme pure ? Ont-ils une once de rédemption au tréfonds de leur condition ? Le propos est donc basique, évidemment métaphorique, mais bien narré dans cet épisode certes introductif mais déjà particulièrement destructeur, par le très expérimenté Corbeyran et surtout magnifié par le dessin dark-réaliste de Leno Carvalho. Le scénario semble entièrement façonné pour offrir l’esthétique de la fureur chevaleresque et de la barbarie spectaculaire, régulièrement pleines pages.
