L'histoire :
Morgane, son petit frère et ses parents viennent de déménager ; or c’est justement l’heure de décharger le camion dans leur nouvelle maison, située dans un patelin campagnard. Allongée dans l’herbe haute et estivale, un casque audio vissé sur les oreilles, l’adolescente fait sa mauvaise tête. En plus de perde ses amies, elle ne va tout de même satisfaire aux corvées familiales ! Pourtant, alors qu’elle déballe un carton dans sa chambre, elle trouve un curieux journal intime glissé derrière un radiateur. Aussitôt, elle se plonge dans sa lecture. Le rédacteur s’appelle Maxime Lebuisson et il raconte d’emblée qu’il pâtit d’un sacré problème génétique : il est atteint de Xeroderma Pigmentosum, une maladie orpheline qui lui cause des ravages sur la peau au contact des UVA émis par le soleil. Une photo de lui se trouve même dans le journal… et après quelques recherches sur Internet, Morgane est totalement bouleversée par cette injustice de la vie. Peut-être même tombe-t-elle instantanément amoureuse de ce Maxime, dont elle occupe désormais la maison et la chambre. Le journal lui conseille d’aller s’installer sur le toit, d’où on a une jolie vue sur le village. C’est là-haut que Morgane continuera de lire le journal de Maxime, totalement passionnée par l’histoire de sa vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Récemment promu scénariste de Yakari, Joris Chamblain a développé une affection toute particulière pour les carnets intimes. En effet, après sa série à succès Les carnets de Cerise, cette histoire d’« enfant de lune » utilise de nouveau ce ressort narratif, un biais très pratique pour s’immerger en douceur dans les questions existentielles des pré-adolescents. Mais avant tout, il est question ici de focaliser sur une maladie rare, la Xeroderma Pigmentosum, plus sommairement appelé syndrome XP. La peau des enfants qui en sont atteint ne supporte pas les UVA du soleil et ils sont donc contraints à vivre la nuit – d’où leur surnom d’enfants de lune – ou à sortir vêtus d’une combinaison de protection opaque et intégrale, façon burqa en pire… ce qui n’aide pas à la sociabilité. Le biais narratif est une adolescente qui tombe amoureuse d’un jeune homme XP, par procuration de son journal intime. Mouais… admettons. La jeune fille mène donc son enquête pour retrouver ce jeune homme, mais elle est aussi prise d’une dévotion un peu surprenante envers toutes les victimes du syndrome XP. Jusqu’à s’engager dans une association, afin que le lecteur fasse un tour exhaustif de la question. A la fin, l’album n’appelle certes pas au don… mais l’intention est entre les lignes. Evidemment, comme c’est « du Chamblain », c’est très agréablement dialogué et rythmé, avec beaucoup de savoir-faire. Le bédéphile standard ne pourra cependant pas s’empêcher de voir les ficelles artificielles prétextes au didactisme caritatif. Anne-Lise Nalin trouve quant à elle dans cette partition l’occasion de dévoiler un dessin semi-réaliste et une colorisation d’une grande douceur, très convaincant dans le registre. Dans leurs préambules, les deux auteurs semblent vouloir réitérer ce genre de récit ensemble. Ils n’ont que l’embarras du choix, étant donné la diversité des maladies orphelines…