L'histoire :
Il y a une douzaine d'années, la petite Ninn a été trouvée bébé dans un souterrain perdu et secret du métro parisien par deux cheminots de la RATP, qui l'ont adoptée. Dès lors, les tronçons et les coursives de ce dédale sont devenus son milieu de vie et de jeux quotidiens. Cependant, en grandissant, elle s'est mise à voir des papillons dans les tunnels et les stations du métro. Des papillons que seule elle et un vieux fou peuvent voir. Au fil de ses recherches et de ses explorations, elle a compris qu'un monde parallèle existait, qu'elle était originaire de là-bas et qu'il lui fallait prendre la « ligne noire » vers la station Moloch pour tout comprendre de ses origines. Le vieux fou lui a expliqué que les papillons étaient les pensées perdues des voyageurs. Il lui a aussi offert un tigre de papier, un origami, qui se transforme en réel tigre parlant à l'approche des « grands lointains », d'où ce protecteur est également originaire. Avec lui, elle a atteint son but : une jungle parallèle peuplée de créatures merveilleuses et dangereuses. Tout ce qui se trouve ici provient des rêves des passagers ou des déchets du métro. Elle commence par être attaquée par des géants de pierre... puis elle apprend qu'il lui faut atteindre le fanal, un phare lointain. Hélas, les « idées sombres », c'est à dire des monstres qui pullulent, vont tout faire pour l'empêcher de progresser. Pendant ce temps, dans le monde réel de la surface, ses amis et ses tontons adoptifs s'inquiètent...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour Ninn, le scénariste Jean-Michel Darlot a imaginé un monde parallèle merveilleux et dangereux à la Miyazaki, dérivé du labyrinthique métro parisien. Le réseau souterrain comporte en effet authentiquement une histoire de plus d'un siècle et des zones secrètes peu connues du grand-public. De quoi alimenter les fantasmes les plus débridés des rêveurs, surtout s'ils ont des culottes courtes. Or quitte à stimuler le rêve et l'aventure, autant ne pas y aller avec le dos de la cuillère. Dans ce tome 2, notre petite héroïne et son tigre blanc, géant et gentil, se retrouvent dans une jungle parallèle plus dangereuse et fantastique que la plus tumultueuse des aventures d'Indiana Jones. Traqués par des créatures monstrueuses, ils chutent dans le vide, escaladent les escaliers d'un phare qui a oublié d'être logique, sympathisent avec le croisement de Spiderman et du T1000 de Terminator, mais relooké en salamandre... Et comme souvent dans ce genre de plongée en univers parallèle, la narration s'alterne avec les vrais gens du vrai monde qui s'inquiètent et partent à la recherche de la fillette. C'est archi tumultueux, fantastique au dernier degré, et tant pis si la logique vogue au gré des aléas d'événements dingues, le principal étant que ça fonctionne pleinement sur les jeunes lecteurs (testé et approuvé sur un public-cible de 9 ans). Sans doute le dessin dynamique et exotique de Johann Pilet s'avère t-il aussi le meilleur des vecteurs pour ce registre merveilleux. Jungle luxuriante et accidentée, intérieur de phare vertigineux, galeries souterraines enchevêtrée, mais aussi bestiaire original, sont autant d'atouts que les jeunes lecteurs retiendront. Après la lecture de ce diptyque, ils ne monteront plus jamais dans une rame de métro sans penser au monde caché que ces dernières traversent parfois, lorsque le tunnel est bien noir...