L'histoire :
Sac de rando sur le dos, Jean-Norbert cherche un guide pour monter au sommet d’une montagne. Un tyrolien lui donne l’adresse du guide le moins cher de la région. Comme par hasard, ce dernier habite dans une petite maison à 20 mètres du sommet… Plus tard, face au magnifique panorama du sommet, le guide indique à Jean-Norbert des noms de pic complètement fantaisistes. Il s’en excuse en soulignant qu’il est assurément le guide le moins cher de la région… Au lendemain d’une nuit de bivouac, le guide râle : il n’a pas fermé l’œil de la nuit à cause des bestioles dans son sac de couchage. Il le prouve en le secouant, car en sortent : un chamois, une marmotte et un mouflon… Plus tard, Jean-Norbert avoue au guide qu’il rêverait d’être dans le journal pour une prouesse du type ascension du Mont Blanc. Le guide calme son enthousiasme : le Mont Blanc est d’une banalité affligeante, il doit être le seul alpiniste à ne jamais l’avoir gravi. Jean-Norbert ouvre le journal et effectivement, il fait la Une : « Incroyable, il est le seul alpiniste à n’avoir jamais gravi le Mont Blanc ». Dans un autre contexte, une colonie de sherpas gravit les sentiers rocailleurs, puis les pentes enneigées du Mont Everest, avec des caisses super lourdes sur le dos. Arrivés en haut, Jean-Norbert peut sortir de l’une d’elles, tout ravi d’avoir réussi cette ascension…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Jean-Norbert – appelé Dirkjan chez les bataves – le hollandais Mark Retera s’éclate véritablement dans le registre de l’humour absurde et nonsensique. La plupart du temps à travers des strips de 3 cases, parfois avec des gag-planches, il met en scène quelques personnages récurrents aux tronches d’abrutis, avec des ventres et des jambes cent fois trop larges par rapport à la taille de leurs cervelles (c’est sa marque de fabrique), dans des contextes disparates de la culture mainstream, qu’il exploite tant qu’il ne lui semble pas en avoir tiré toutes les ficelles. Dans ce recueil, il commence par la thématique de l’alpinisme ; puis il dérive avec un gamin génie, les camps scouts, les pyramides, la noblesse du XVIIIème siècle, le chirurgien bourrin, le colocataire clown, la Rome antique, pour finir par un pacte avec Satan. Ce troisième recueil ne faiblit pas par rapport aux deux premiers, dans une veine qui semble – qu’on espère ! – inépuisable. Mises en abymes, art du contrepied, vannes potaches, Retera varie les registres comiques et ne s’embarrasse ni du politiquement correct, ni de grandes prouesses graphiques, pourvu que l’effet fonctionne. Et ça fonctionne plutôt carrément bien ! On se situe ici dans un registre très proche de Gary Larson, le maître incontesté de ce type d’humour. Ce qui n’est pas la moindre des louanges.