L'histoire :
Otto marche lorsque soudain, il voit passer un poisson au-dessus de lui. Il comprend qu'il marche au fond de l'eau et que ce n'est sans doute pas son milieu naturel. Il nage donc vers la surface. Ne sachant dans quelle direction aller – il n'y a rien à l'horizon – il décide de se diriger vers la musique d'une harpe, espérant tomber sur une sirène sexy. Pas de bol, il s'agit du gros et cruel roi Neptune barbu qui attache Otto au bout de sa canne à pèche pour s'en servir d'appât aux requins. Otto finit par s'en tirer en nageant très vite, poursuivi par les requins. Il rencontre alors l'arche de Noé et hèle le patron pour monter à bord. Noé lui lance une échelle de corde et le dévisage : s'il veut rester ici, il lui faut un conjoint. Encore une fois pas de bol : l'unique femme (jolie) sur l'arche est déjà en couple avec un homme. Otto se retrouve associé à une guenon qui est aussitôt transie d'amour. Dans ces conditions, Otto préfère se re-jeter à l'eau. Il nage jusqu'à une île minuscule où il trouve un singe en train de s'enivrer. Otto comprend l'origine de sa déprime et lui indique où il trouvera sa guenon. Le singe saute aussitôt à l'eau. Ce qui permet à Otto de récupérer la bouteille de pinard et de s'enivrer à son tour...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Née de l'imagination fertile du néerlandais Frofo de Decker, Otto est une aventure muette, rocambolesque et absurde établie sur des principes narratifs qui ont fait leurs preuves depuis longtemps. Primo, tout peut arriver dans Otto : ce personnage lunaire et naïf à queue de pie se retrouve ainsi à bord de l'arche de Noé, assis sur le dos de baleines ou de montgolfières, ou sur des planètes peuplées d'aliens à formes de courges. Deuxio, ses péripéties se déroulent au sein de strips de longueurs variables et jamais définis à l'avance, qui s'enchainent sans pause : le ressort comique intervient souvent dans des cases de droite, au sein de pages construites sur des gaufriers réguliers de 20 cases carrées par page (4x5). Tertio, de Decker use et abuse des running-gag, qui font toute la truculence de ce récit linéaire. On ne croise en tout qu'une douzaine de personnages récurrents, qui déclinent leurs mésaventures cocasses au gré des situations : un couple de singes, Noé, le roi Neptune, des aliens, des poissons, le yéti, un lutin méphistophélique... Les terrains d'actions sont également très basiques : la mer, la montagne, le ciel et les astres lointains. Aucune notion de temps ou de lieu précis ne viennent perturber cette poésie de l'absurde qui, selon l'âge du lecteur, saura s'apprécier différemment, mais efficacement.