L'histoire :
Kroc vit dans un monde impitoyable. Et ça commence par l’école : on leur apprend toujours leur condition de gobelin. On dit qu’ils doivent garder sans arrêt les trésors contre les humains cupides. Un Gob doit apprendre à survivre dans n’importe quelle circonstance. Pour cela, ils sont mélangés à l’école avec d’autres espèces et même les dragons. Les Trolls, ce sont les pires des espèces. Ils ne font que maltraiter les Gobelins. Parfois, ça a rendu service à Kroc. Celle qu’il aime le trouvait laid et moche et quand il s’est pris une bonne trempe par des trolls, elle a vu en lui tout ce qu’il avait de beau et désirable. Ils filent le parfait amour maintenant. Enfin... pas pour tout le monde. Car il est vrai que sa chérie a une drôle de façon de le montrer. Ils s’envoient des mots doux vulgaires et pas forcément très avenants. Tant et si bien qu’un nécromancien, qui s’en va passer par là, utilise sa magie pour les transformer en êtres raffinés. Désormais, ils se parlent de façon élégante et avec de bonnes manières. Ce qui ne change rien pour les Trolls qui les trouvent toujours aussi laids.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Kroc le Bo est une œuvre quasi témoin. Cette bande dessinée des années 90 est le reflet d’une époque. Celle des passions du jeu de rôle avec le mythique Advanced Dungeons & Dragons, la revue Casus Belli, mais aussi les premiers pas et les premières collaborations de Bruno Chevalier et Thierry Ségur. un duo qui créera ensuite leur chef-d’œuvre : Légendes des Contrées Oubliées. L’espiègle gobelin revient sur le devant de la scène à l’occasion des 50 ans du jeu de rôle, lors d’un festival JDR à Senlis. Sous le label Kroc Editions, on déterre cet album spécial festival. Mais qu’on se rassure : la BD va aussi être rééditée sur le marché. Cette œuvre de jeunesse n’a pas vraiment pris de ride. A l’instar de l’humour de Franquin dans Les idées noires (on a pour chaque planche un petit dessin qui résume le propos), Chevalier et Ségur se moquent gentiment des personnages stéréotypes des jeux de rôle. Avec l’originalité d’adopter le point de vue d’un personnage looser qui a souvent le rôle de bouc émissaire : le gobelin ! On trouve ainsi Kroc sous toutes ses formes, en Sherlock, en écolier, en explorateur, en acteur… pour camper des mini sketchs avec une petite chute plus ou moins rigolote. Les amateurs de JDR vont se régaler avec les nombreux clins d’œil de spécialistes comme les XP, l’alignement ou l’éternel Gros Bill. Ce n’est pas un chef d’œuvre, il faut le reconnaître, mais on sent déjà l’amour des deux auteurs pour cet univers. Un amour qui donnera naissance à un des trésors de l’héroïc-fantasy en bande dessinée. Quel régal également de retrouver le dessin déjà très maîtrisé de Ségur. Loin des superbes couleurs qu’on lui connaît, le style caricatural et faussement anarchique lui va aussi parfaitement bien. A noter que l’album se termine sur un bel hommage à Bruno Chevalier, récemment décédé.