L'histoire :
Une présentatrice télévisée revient à l'antenne sur la récente catastrophe électorale qui a balayé le paysage politique, et qui s'est ensuivie d'une intervention aussi imprévue que salvatrice. Tout avait commencé par la montée en puissance d'un parti extrémiste appelé « la vague », qui regroupait jadis des bouseux et des racismes, mais qui s'était mis à séduire de plus en plus d'électeurs. Le besoin de changement, la dé-diabolisation avaient été à l'origine de cette mutation, tel que le rapporte Pierre, un militant repenti. Étant donné que les autres partis pseudo intellectuels avaient tous échoué, il ne restait plus que La Vague pour incarner ce besoin de renouveau. La vague disait lutter contre le chômage de masse, elle annonçait pouvoir agir contre la misère et la mondialisation. La Vague avait ainsi enflé, bleue et gigantesque. Et le jour des élections était arrivé. Or, moins d'une heure avant la victoire annoncée, la nature s'était tue. Une mousse grisâtre, puissante et submergeante, avait alors déferlé sans que rien ne puisse l'arrêter. La plupart des gens avait été emportés, retournés... Plus personne ne maîtrisait rien. Personne, à l'exception d'un seul petit être qui était apparu sur la crête de la vague : Surfman ! Le temps s'était suspendu. Surfman glissait, intouchable, à la surface de la vague...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Construit sur un dessin plus que minimaliste, réalisé à l'aise de crayons de papier et d'une bichromie bleue et orange, Surfman se nourrit d'une bonne intention citoyenne : celle de rappeler la dangerosité d'un parti politique populiste et extrémiste. Car une fois que ce dernier a accédé au pouvoir, son programme déferle tel une vague que nul ne peut arrêter, quelques soient les regrets de ses électeurs. L'auteur Jérôme Rullier ne cite jamais le parti qu'il cible, à charge, mais tous les lecteurs auront compris l'allusion au FN : « un parti plusieurs fois condamné pour incitation à la haine raciale » mais devenu « moins extrême que par le passé », qui disait « lutter contre le chômage de masse et les angoisses qu'il nourrit depuis 40 ans, contre la misère, la mondialisation ». Suivez mon regard ! Jusqu'à ce point, la métaphore de la vague – ou plutôt du tsunami – est plutôt adaptée au propos. C'est après que les choses deviennent confuses et se brouillent. D'où sort ce Surfman qui apparaît et glisse sur la vague ? En quoi le fait de surfer dessus résout-il sa problématique de submersion, instaure t-il l'entraide et la fraternité ? Bizarrement, à partir de la moitié de ce très (très) court album (lisible en moins de 5mn), les textes narratifs disparaissent quasiment et le récit ne démontre plus rien. S'il s'agit d'un essai politique, il est terriblement creux. Et notez bien, au passage, que la présente critique de la forme (minimaliste) et du fond (très léger) ne constitue surtout pas une opinion politique. Une bonne intention ne suffit pas à faire un bon album...