L'histoire :
Un jour, malgré la vigoureuse désapprobation de son épouse Pétula, Hugo Spritz fait un achat compulsif chez un antiquaire de Bruxelles : une tête empaillée d’un guerrier dayak, des cannibales coupeurs de têtes de Bornéo. Etant donné que Pétula refuse catégoriquement d’exposer ce truc ignoble à leur domicile, Hugo le pose sur une étagère de son bureau, au 10ème étage de la tour Azur, dans la zone industrielle de Morlan. Quelques années plus tard, Hugo part au boulot et cet effort lui coûte chaque jour davantage. L’ambiance y est délétère. Lui-même est dans le collimateur du nouveau boss, Pierre-Eric Ruinart, et de son sbire Merlot. On lui exige des courbes de progression inatteignables, on lui colle des rendez-vous le soir… Or évidemment, ce soir-là, après une journée à l’extérieur en clientèle, Hugo ne trouve pas de taxi pour revenir au bureau pour la réunion importante de 19h. Il arrive très en retard pour constater que… des dizaines de camions de pompier tentent d’éteindre un important incendie dans sa tour. En effet, à 18h45, le 10ème étage de la tour Spritz a explosé. Choqué, il se sauve et se réfugie pour boire une bière dans un bar. Il apprend aux infos télévisées que l’explosion pourrait être un attentat et qu’elle a fait de nombreux disparus. Lui-même et son boss sont sur les listes des victimes présumées ! Une idée folle germe aussitôt dans la tête d’Hugo : et s’il se faisait passer pour mort ?! Sa femme toucherait un bonus de 3 fois leur assurance-vie et ils pourraient recommencer une nouvelle vie dans le faste à Tahiti ! Reste à convaincre Pétula. Or ça, c’est pas gagné…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette comédie policière a initialement germé dans la tête de Bruno le Jean, réalisateur membre de l’équipe de Groland et il a été scénarisé pour être tourné pour le cinéma. Aujourd’hui, c’est son fils Robin qui l’adapte en BD… et il faut avouer que le résultat se révèle plutôt fun et sans autre prétention que de divertir. Pour châssis, c’est l’histoire assez classique d’une tentative d’escroquerie à l’assurance-vie. Le héros s’appelle Hugo Spritz et il n’a rien à voir avec la boisson estivale alcoolisée et fruitée, hormis la sonorité de son patronyme qui est un peu couillonne et permet le titre à contre-emploi. Lui et son épouse, complice malgré elle et râleuse pathologique (elle lui colle bien une quinzaine de baffes pendant toute la durée de la BD), se débattent avec cette idée aussi saugrenue qu’irréaliste de refaire leur vie à Tahiti, grâce à un magot fourni par les assurances en se faisant passer pour mort. Leur alibi repose que une tête empaillée de guerrier dayak, ce qui est rocambolesque mais marrant. L’expert des assurances a certes une prothèse de main improbable, l’entourage joue certes une partition cabotine digne d’un Vaudeville… Mais au final on ne s’ennuie pas une seconde, grâce à une narration enlevée et des personnages pittoresques. Et bien qu’irrégulier et pas exempt de défauts, le dessin semi-réaliste s’avère un support adapté au registre. Profitez-en : ce genre d’’histoire complète humoristique est aujourd’hui rarissime dans le paysage BD. Il fallait un éditeur alternatif comme l’Aqueduc bleu pour cette proposition fraîche et fun, à la marge des canons commerciaux.
