L'histoire :
Dans le département de la Nièvre, se trouve la ville de Clamecy. Celle-ci a longtemps été « la capitale du flottage du bois de chauffage coupé dans les forêts du Morvan et transporté par voie d'eau en passant par Clamecy jusqu'à Paris ». Mais Clamecy s'est aussi distinguée entre 1848 et 1851, durant la Deuxième République, par son aspiration à participer au débat démocratique. Des associations, des clubs s'y sont constitués, en relation avec la capitale, afin d'inventer une société nouvelle. Mais le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte, alors président de la République, dissout l'Assemblée et organise le coup d’état qui instaurera le Second Empire. Démarre alors une forte période de répression face à une ville qui s'insurge et n'hésite pas à dresser des barricades. Dans Gens de Clamecy, Edmond Baudoin – aidé de Mireille Hannon – n'a pas oublié l'histoire de la ville et s'est muni de son pinceau. Le dessinateur propose aux habitants d'aujourd'hui d'échanger un portrait contre une simple réponse à la question : « Qu'est ce que serait, pour vous, une société idéale ? »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis longtemps, les livres d'Edmond Baudoin naissent des rencontres qu'il se plait à provoquer. On peut penser aux récents Le goût de la terre (l'Association, 2013) ou Viva la vida (l'Association, 2012) réalisés en collaboration avec Troub's. Mais aussi au plus confidentiel Portraits, Faux-la-Montagne (éditions Repas, 2016). En fait, chacun des livres de l'auteur semble traversé de ce même désir non seulement d'aller vers l'autre, mais aussi de conserver intacte cette part de rêve, d'utopie collective et ce, même en baignant parfois dans la plus grande noirceur. La beauté du geste de Baudoin est là : accepter de regarder en face une histoire composée d'erreurs, de défaites, mais aussi de moments de bravoure, tout en s'évertuant à se donner les moyens de croire encore en l'humain. « Oui c'est important l'histoire », écrit-il en tout début d'ouvrage, comme l'affirmation de la nécessité d'une inscription dans une histoire collective. Mais à un attachement figé à des luttes passées, il préfère leur garder toute leur intensité en cherchant dans le présent les raisons d'espérer un monde meilleur. Comme Edmond Baudoin l'écrit lui-même : « La question d'aller dans nos rêves est toujours devant ».