L'histoire :
Avec ses collègues flics, Joël enquête sur la disparition plus qu’inquiétante d’un enfant. Ce jour-là, leurs investigations les poussent à se rendre au sein d’un campement de roms. « Pourquoi vous êtes là ? Dès qu’un gamin s’enfuie, c’est nous qui l’avons volé ! » Ce déplacement est peine perdu, les roms ne savent rien et même s’ils savaient, ils ne le diraient pas. Alors qu’il est sur le point de remonter en voiture, Joël aperçoit une gitane qui le fixe avec un regard insistant. Joël est troublé. Il a soudain des visions fugaces. Un squelette humain dans une forêt. Derrière un barbelé. A l’emplacement d’un carrefour de Verizy et Ornet. Et il évoque une date : 1972. Dans les heures qui suivent, les flics retrouvent effectivement tout ce qui correspond à la vision de Joël que lui a transmis la gitane Yuna. C’est le squelette d’un homme de 25 ans, une disparition qui remonte à 1972. Joël sait que cette vision lui a été communiquée par Yuna. Or depuis la mort tragique de son collègue Jean-Pierre, Joël se pose des questions, notamment sur le sens des rêves. Il décide de retourner voir Yuna pour comprendre cette capacité de voyance et l’inciter à collaborer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est un bizarre polar ésotérique que mettent tout aussi bizarrement en narration la scénariste Anne Baraou et le dessinateur Vincent Vanoli. Pas plus au début qu’à la fin, on ne cerne le propos exact qu’ils ont voulu raconter à travers la relation étrange que nouent un simple flic de banlieue et une gitane douée de clairvoyance. A l’instar de John Smith, le voyant de Dead Zone (roman de Stephen King), Yuna « voit » les trucs morbides. Mais en plus, elle peut les communiquer par télépathie. Pourquoi ? Comment ? Ça n’est pas le sujet. Le sujet focalise plutôt sur cet embarrassant pouvoir qui, une fois connu, attire des convoitises et des emmerdes à Yuna. Et cela sème aussi la confusion chez Joël, le flic qui tente d’approfondir la question. Le récit avance en marge des canons narratifs du 9ème art, à travers un noir et blanc charbonneux de Vanoli, au trait particulièrement stylisé avec des visages tortueux, des perspectives et des proportions volontairement fantaisistes. Certaines scènes se la jouent floues à dessein, afin de semer la confusion et les fausses pistes ésotériques dans l’esprit du lecteur. Pour le coup, c’est raccord et cohérent avec le propos, mais celui-ci reste tout de même un brin hermétique à l’issue de cette plongée dans une enquête sordide et glauque.