L'histoire :
Deux enfants curieux ont vu « un truc » à travers les feuillages. Intrigués, ils décident d'aller voir ce qui se passe. Mais pour y arriver, ils doivent subtiliser une barque attachée à un arbre. Une fois le forfait commis, ils pagaient un peu, jusqu'à atteindre « le truc ». Problème : le truc est bien planqué, il va falloir ouvrir l’œil et redoubler de vigilance. On ne voit pas grand-chose mais on entend des bruits... plutôt suspects d'ailleurs... Chut, ils pourraient nous voir.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
D'abord dessiné en mai 2009 lors des 24h de grandpapier.org puis retouché pour la présente publication, ce récit court fait la part belle aux sensations : bruissement des feuilles, clapotis de l'eau, caresse des rames... il se dégage des pages un parfum d'été diaphane, presque éthéré. Tout est rendu palpable ici : la fluidité de l'eau, sa lenteur, sa vitalité... mais aussi l'odeur des végétaux et leur moiteur, ressort fin et cocasse du récit. La nature, au diapason des figurants, y est d'ailleurs érotisée, voire fantasmée. Pour parvenir à un tel résultat, Bastien Quignon dessine au crayon gras sur papier imbibé. Si bien que le graphisme colle au plus près à la réalité estivale, nous la fait respirer pour nous la rendre plus authentique. Autre astuce qui permet d'intensifier la réalité de cette journée d'été, le trait libre qui s'affranchit du traditionnel gaufrier et procède par petites touches. L'auteur y gagne sans doute en spontanéité et en fraîcheur. Coquin et mutin, le récit fait finalement affleurer un trait fin et délicat respirant la sincérité, la tendresse et l'élégance. A l'image de L'Appartement numéro 3 (de Pascal Girard), Quignon réussit en une dizaine pages seulement à créer une ambiance forte, portée par une histoire légère et amusante, baignant dans une ironie pleine de malice. Une jolie parenthèse estivale aux allures de rêve éveillé, comme une réminiscence enfantine. Un talent à suivre !