L'histoire :
Depuis quelques jours, une jeune femme a l'impression d'être espionnée par le voisin d'en face. Apparemment, il a entre 40 et 50 ans, s'appelle Pascal Girard (c'est écrit sur sa boîte aux lettres) et vit comme un ermite. Ni une ni deux, curieuse et un peu angoissée, la jeune fille décide de « googliser » le personnage. En fait, il n'a que 33 ans et exerce la profession de dessinateur de BD. Après quelques lectures, la fille confesse à une amie que son style est plutôt « pathétique ». Intriguée et presque rassurée, la fille décide d'aller à sa rencontre. Elle tape à sa porte le lendemain... mais rien, personne ne répond. Etrange personnage, insaisissable, ce Pascal Girard. La fille ne lâche pourtant pas l'affaire, elle ira voir sa concierge le lendemain. Espionnée tout le temps, la fille part du principe qu'elle aussi a le droit de connaître la vie de cet étrange loser... ou de ce « beautiful freak », au choix...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la lignée de de Conventum, sorti en 2010 chez Delcourt, arrive L'appartement numéro 3 signé de l'auteur canadien Pascal Girard chez L'employé du moi. Dans un court récit où l'auteur se met largement en scène, Pascal Girard en profite pour faire le point sur sa situation de trentenaire. Et celle-ci n'est pas reluisante : auteur de BD désabusé, il vit comme un ermite, sorte de loser un peu paumé qui a pour seule ambition de mater la fille d'en face. Un peu geek, un peu timide et effacé, il ne lui reste plus que le dessin pour s'exprimer. Avec un sens de l'autodérision subtil et drôle, sans oublier une pointe de cynisme, l'auteur nous conte en quelques pages une banale chronique sociale amoureuse, s'appuyant sur un jeu de cache-cache où les rôles vont peu à peu s'inverser. La vraie réussite de ce petit fascicule réside dans la capacité de l'auteur à installer en quelques coups de crayons une ambiance tour à tour mélancolique ou surprenante, cruelle ou féroce, touchante ou presque triste, d'où il affleure une belle sensibilité. Le tout en une dizaine de pages seulement ! Un récit désenchanté et efficace, qui sonne très juste.
