L'histoire :
Michel est un quadra passionné de radio, qui survit doucement de travaux de reportages qu'il vend à des journaux. Intéressé par les sujets sociétaux, il est souvent confronté à des grèves et des manifestations. Souhaitant aider une communauté de sans-papiers se réunissant non loin de son appartement, où il vit seul, on l'aide à s'introduire dans l'entreprise scélérate les exploitant dans des conditions inhumaines. Entre temps, fréquentant un site de rencontre, il fait connaissance avec une demoiselle peu regardante, avec qui il passe la nuit. Il oublie malheureusement son carnet de rendez-vous chez elle, qui tombe entre les mains d'un policier ayant aussi eu un rdv avec la belle. Dans ce dernier : le numéro d'un des sans-papiers. Heureusement qu'une nouvelle rencontre va lui permettre de rebondir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Michel a été inventé par Pierre Maurel en 2005, alors qu'il cumulait les missions intérims « alimentaires ». Ce qu'il voyait, ressentait, si désespérant souvent, l'invitait à témoigner par le dessin. Mais si l'autobiographie existe en bande dessinée, la création d'un alter ego – pigiste qui réaliserait des reportages audio – lui sembla un meilleur moyen de raconter ce vécu. C'est ainsi que le premier Michel parut en 2006 chez L'employé du moi. Ce gars sympa à la vie paraissant assez pépère (il vit seul et voit ses parents chaque weekend), quoi qu'engagée dans les faits, subit la vie urbaine davantage qu'il ne la comprend. A part un couple d'ami, Phil et Eva, et un vieil homme veuf digne, Victor, « frère de la rue » qui le prend pour un SDF, il n'a pas énormément de vrais amis. Ah si : tous les gens qu'il rencontre – en dehors de ses missions intérim sans intérêt participant à le dégoûter du système – et puis Mario, un « repenti » italien des brigades rouges, père d'Eva, vivant reclus dans un cabanon en pleine campagne. En fait, quelqu'un de très social, préférant le vrai et le bon au clinquant, à la médiocrité, au népotisme, au racisme, à l'ultra consommation. Avec cette série et donc cette compilation d'histoires courtes se suivant chronologiquement, Pierre Maurel s'est révélé très vite l’un des meilleurs reporters graphique des agitations ayant secoué notre pays durant la période gilets jaunes. Il a aussi affirmé, et cela saute aux yeux dans la durée, un ton tant graphique que scénaristique, bien dans l'esprit du meilleur underground américain. Considérant cela comme un atout, et le fait qu'il traître très spécifiquement de l'Hexagone, on peut y voir un tour de force. On est ravi de cette vision sincère et réaliste d'un certain mode de vie devenu « tendance » aujourd'hui, mais toujours aussi difficile à mettre en œuvre. Michel est une ode au changement et un pamphlet dans le même temps. Et en cela, sa lecture est indispensable. Excellent !
