L'histoire :
Dans l’état du Chhattisgarh, en juin 2012, les habitants Adivasis de plusieurs villages se sont réunis en soirée afin de prendre des décisions sur le quotidien de vie de leur communauté. Soudain, des policiers du CRPF et du bataillon COBRA ouvrent le feu sur les membres de la réunion. Il n'y a eu aucune sommation, ils ont tiré pour tuer et ont fait beaucoup de victimes. Cette opération a été préparée depuis plusieurs semaines dans le seul but de neutraliser les grands chefs naxalites de la région. Les survivants du massacre se rassemblent le lendemain et partent protester devant le poste de police afin de faire libérer ceux qui ont été arrêtés la veille. Une fois de plus, sous un faux prétexte, les paramilitaires luttant contre les naxalistes-maoïstes, ont versé le sang sur de pauvres paysans Adivasis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cet album, Eddy Simon et Matthieu Berthod mettent en avant le cas très alarmant d’une minorité autochtone d’Inde Centrale dans la région du Chhattisgarh. Les Adivasis s'y font en effet spolier, massacrer et expulser. Au travers de ce récit explicatif sur la situation de cette minorité, Simon et l’organisation Amnesty International montrent les conditions dramatiques dans lesquelles les autorités et les industriels profitent d’eux. Afin de bien appréhender la situation complexe de cette minorité, Simon décortique de façon chronologique les évènements qui ont mené les Adivasis à vivre cette tragédie. On considère que l’Inde se compose d’abord d’une organisation politique complexe, puis d’une multitude d’ethnies vivant dans des régions reculées souvent riches en matières premières. En quête de son autonomie politique, ce peuple indigène subit l’exploitation abusive de ses richesses naturelles, ainsi que les massacres engendrés par les différentes factions armées. Cette mise en lumière permet d’alerter le lectorat BD sur le cas des Adivasis qui n'est malheureusement pas un cas isolé dans le monde. Ce drame est mis en image par Matthieu Berthod qui, à l’aide d’un trait proche du carnet de croquis, retranscrit la chose le plus fidèlement possible. Son noir et blanc efficace aurait peut-être mérité un peu de couleur, au vue de la couverture de l’album plutôt réussie. Cet ouvrage a le mérite de tirer la sonnette d’alarme et d’apporter une autre vision de l’Inde, certes tragique, mais loin des clichés.