L'histoire :
Dariel Alarcón Ramírez, dit Benigno, est un paysan cubain. A 17 ans, sa femme qui est enceinte de leur premier enfant, a été assassinée par l'armée de Batista, le dictateur au pouvoir. Fou de douleur et par désir de vengeance, il rejoint l'armée rebelle cubaine constituée des guérilleros et s'engage aux côtés de Fidel Castro et du Che. Pas de vengeance pour le Che. Avec lui, on fait la Révolution pour défendre ses idéaux. Benigno, qui connaît bien la géographie locale, est donc engagé comme guide. Peu à peu, à force de côtoyer des militants de la première heure, il comprend les valeurs de liberté et de justice, au point de se battre pour elles. Benigno, jeune adulte, va d'abord se former aux méthodes de la lutte armée pour rejoindre ensuite Che Guevara qui mène la guérilla en Bolivie... Avant d'être contraint à l'exil en France face à la radicalisation du régime castriste.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que vient tout juste de paraître le témoignage intéressant d'un dissident du régime castriste (Printemps Noir), la Boîte à Bulles sort un autre récit gravitant autour du même sujet (la Révolution cubaine, les dérives de la dictature castriste) mais focalisant essentiellement sur Benigno, un guérillero du Che engagé aux côtés de Fidel Castro, d'abord fidèle à l'idéal révolutionnaire, dernier compagnon du Che devenu ensuite opposant en exil... Plutôt qu'à un captivant moment d'histoire, on assiste hélas à un pensum confus et maladroit. En cause, le récit qui ne choisit jamais entre le témoignage d'un acteur en prise directe avec l'Histoire de Cuba et une masse d'informations amenées soit par l'auteur, soit par des coupures de presse difficiles à lire. Bien sûr, on ne reproche pas le travail de recherche documentaire, nécessaire et dense, ici. Mais plutôt sa transposition au médium. Car la BD est si documentée qu'elle en devient confuse. Là où un dessin doit suffire à exprimer, le scénariste martèle son livre de faits, de dates, de récitatifs, de photos d'archives qui rendent la lecture pénible ; le dessin, quant à lui, ne servant plus qu'à illustrer... Du coup, au lieu d'éclairer le profane sur cette période riche, le livre risque bien de semer la confusion, faute d'une mise en page plus engageante et de choix narratifs plus elliptiques et synthétiques. Graphiquement, Simon Géliot s'en sort correctement pour une première BD ; mais le trait, qu'on sent hésitant parfois, souffre d'irrégularités. En ressort au final une sorte d'exposé scolaire peu didactique, qui aurait gagné à se concentrer uniquement sur le témoignage et l'itinéraire de Benigno, au demeurant intéressant et critique, mais maladroitement mis en perspective. Mieux vaut encore se plonger dans un bon bouquin d'histoire car la plus-value BD, ici, n'est guère flagrante.