L'histoire :
Deux types cagoulés sortent en courant, un sac de sport plein à la main, de l'abbaye de Val-Dieu. Ils viennent visiblement de cambrioler une exposition d'objets de culte d'une valeur inestimable. Une bagnole les attend, qui les conduit sur le quai désert d'un port. Le chauffeur, Jean-Marie, descend du véhicule et flingue sans le moindre scrupule les deux malfrats. C'est toujours ça de moins à partager. Il appelle son pote Eddy, à qui ce genre d'initiative ne plait pas trop... Ailleurs, plus tard, Boule, un gros garagiste véreux et libidineux deale un drôle d'arrangement : il troque sa vieille mob' contre une BMW toute rutillante, que lui ont apporté deux petits trafiquants. Ses deux fils, Gaz et Dante, de jeunes adultes, n'en reviennent pas ! Au terme d'une journée de boulot, Gaz et Dante vont le soir même se castagner un peu en ville, prenant un vague match de foot pour prétexte. Puis, quand ils rentrent au garage, c'est pour découvrir les flics devant leur porte. Leur père a été mortellement blessé, on leur indique un hôpital. Ils s'y rendent juste à temps pour les derniers mots de leur père. Livides, ils déduisent toutefois que cela est lié à la BMW et aux deux petites frappes qui lui ont refourgué...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est toujours assez jubilatoire ce système de narration : il est ici question d'un braquage et de ses conséquences sur toute une palanquée de truands de petite et moyenne espèce, mais délivrés par le truchement de séquences imbriquées entre elles, de manière non chronologique. Petit à petit, le lecteur remonte ainsi le fil des évènements et comprend clairement les tenants et aboutissants de l'affaire. Dans un décorum des plus sordides (ruelles sombres, zones industrielles ou commerciales, quai d'un port...) les auteurs animent un aréopage de protagonistes tous moins doués les uns que les autres, et ça en devient assez drôle... A défaut d'être immédiatement limpide, le scénario de ce polar noir (mais truculent !) signé Benjamin Fisher est habile et maîtrisé. Impossible de deviner avant la toute fin, quelle orientation va prendre l'intrigue, ou qui va tirer les marrons du feu (et si marron du feu il sera possible de retirer). Le tout est en outre mis en relief dans un lavis en noir et blanc élégant et tout aussi brillant, par un vétéran du genre, Georges Van Linthout. Etonnament, on s'attendrait plus à trouver ce type d'histoire au sein du catalogue Rivages/Noir ou Ligne rouge de Casterman... La boîte à bulles a bien fait de dégainer en premier !