L'histoire :
Deux cents soldats de l’Armée Impériale russe se retrouvent encerclés dans une position dont ils ne vont pas pouvoir s’échapper. L’Armée rouge se rassemble autour d’eux, attendant le moment favorable pour mener l’assaut. Le capitaine Tikhomiroff propose à son colonel de tenter seul une sortie à cheval afin de passer au travers des lignes ennemies dans l’espoir de ramener des renforts. Tôt le matin, il prend un cheval, pas le meilleur, et s’élance dans le froid et la neige. Il parvient à passer, puis à semer deux cavaliers qui le prenaient en chasse. Dans la matinée, il arrive dans sa ville natale de Nikolaïev. Il se rend chez sa mère, dont c’est l’anniversaire. Elle lui sert une tasse de thé, un moment de répit avant de reprendre la route. Il ne rejoint pas son unité comme il l’avait promis, car celle-ci vient de se faire entièrement massacrer. Il décide donc de partir à la recherche de détachements, des lambeaux d’armées disséminés à travers toute la Russie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un précédent album déjà inspiré de la vie d’Alexandre Tikhomiroff, Gaétan Nocq narrait la vie de celui-ci lorsqu’il était jeune soldat pendant la guerre d’Algérie. Il réitère avec un nouveau récit qui remonte d’un cran supplémentaire dans la généalogie : dans la famille Tikhomiroff, je demande le père, russe blanc exilé en France. Evidemment, le père et le fils portent le même prénom, ce qui peut prêter à confusion, au départ. Mais le contexte historique remet l’ensemble à bonne place. Gaétan Nocq démarre donc l’histoire du père Tikhomiroff durant la Grande Guerre en 1916, puis développe le récit de façon chronologique, en suivant le périple incroyable de ce capitaine de l’Armée Impériale russe. On évolue au gré des batailles et des rebondissements nombreux. Une dérive militaire et une déroute de la monarchie contraignent des milliers de personnes à quitter leur patrie, la Russie. Gaétan Nocq illustre son propos avec un style graphique sobre, aux couleurs froides. Les personnages et les décors sont souvent enveloppés de brouillard, qui accorde un effet de souvenir lointain aux événements. Cette nébulosité graphique donne un style propre à ce témoignage historique montrant encore une fois l’absurdité de la guerre et la destruction qu’elle engendre. Cet album conséquent de plus de 230 pages met en lumière une partie de l’histoire méconnue de la révolution bolchevique et de ses conséquences.