L'histoire :
Jacques Charles Dufresnoy passe des vacances en Normandie, alors qu'il est enfant, à l'été 1937. Assis dans un champ, il joue avec une coccinelle. Il revient vers le château et montre l'animal à son oncle, qui lui indique que ces bêtes portent bonheur et qu'il ne faut pas les tuer. Jacques s'étonne : pourquoi tuerait-il un animal aussi joli ? Jacques rentre à l'intérieur. A son grand désespoir, ses parents sont venus le chercher. Ils rentrent chez eux à la capitale. Son père est furieux, il ne supporte pas son frère et il oblige la famille à faire la route de nuit. Tout le monde est épuisé. Lorsqu'ils franchissent le seuil de leur appartement, les disputes violentes entre les parents de Jacques reprennent. Il se bouche les oreilles et parvient à s'endormir, même si sa nuit est très agitée et cauchemardesque. Dans son rêve, il est une petite fille, mais il voit aussi le portrait de son père qui se transforme en clown maléfique. La mère de Jacques ne peut pas l'accompagner à son premier jour d'école. Elle a trop de bleus sur le visage. C'est donc accompagné de son père qu'il doit s'y rendre... L'enfant se tient éloigné des garçons qui le surnomment « petite princesse ». Il préfère jouer avec les filles. Le soir, lorsqu'il est seul chez lui, il aime feuilleter les magazines de mode et essayer les robes de sa maman. Celle-ci le surprend, mais elle ne lui en veut pas. Elle lui dit juste qu'il ne faut pas que son père découvre son secret. Jacques grandit. Il veut devenir coiffeur, ce que son père refuse catégoriquement. Il va aussi croiser la route de Lucrèce, avec qui il va commencer à discuter. Elle travaille au mythique cabaret Madame Arthur. Jacques va y jeter un œil.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La scénariste Gloria Ciapponi et le dessinateur Luca Conca, tous deux italiens, ont collaboré sur une bande dessinée horrifique, avant de poursuivre sur ce second projet, publié par La Boîte à Bulles. Dans cette BD, ils retracent le parcours de Jacques Charles, devenue Jacqueline Charlotte Dufresnoy, également surnommée Coccinelle. Nous suivons le personnage dès son enfance difficile. Jacques se cherche, vit dans un climat familial violent. Il sait qu'il est différent. Une rencontre va changer sa vie, lorsqu'il découvre Lucrèce et le milieu professionnel dans lequel elle vit. Il sait que cela lui correspond parfaitement. Il fait sa première scène sous les traits de Coccinelle, simplement vêtu d'un paréo, et se mue en jeune femme. Coccinelle devient une véritable icône transformiste. Plus sa vie avance, plus elle sait qu'elle ne se sent pas homme et sera l'une des premières à se faire opérer. Cet événement va faire d'elle une femme encore plus médiatisée. En retraçant ce parcours, les auteurs arrivent à nous faire ressentir ce mal-être de ne pas être né dans le bon corps. Le personnage évolue énormément d'un point de vue graphique au fil des pages. L'illustrateur propose un style très classique et réaliste, comme si chaque case était inspirée d'une photographie. Le lecteur cerne la complexité de Coccinelle, découvre sa vie publique et sa vie privée, ses aventures, ses histoires d'amour. Elle est devenue une icône différente, embarrassante pour certains, qui a connu la gloire puis l'oubli.