L'histoire :
Wally Danzig est née le 20 mars 1926. Elle est le quatrième enfant d'une famille qui en comptera un de plus. Quatre filles et un fils. Ses parents sont originaires de Brody, une ville de Galicie, en Pologne, haut lieu du judaïsme, tant culturel que religieux. Sans doute qu'au début du XXème siècle, le déclin économique les a conduits à émigrer en Allemagne. Le 3 août 1914, Hermann, le père de Wally, fait du tourisme à Paris au moment où l'Allemagne déclare la guerre à la France. Comme il est austro-hongrois, il est considéré comme ressortissant d'un pays ennemi. Il dispose de 24 heures pour quitter le territoire, mais les trains étant réservés jusqu'à la mobilisation, il ne peut quitter la France. Il est fait prisonnier civil et enfermé dans un camp d'internement. Malgré le travail forcé, la faim, le froid, la promiscuité et bien sûr l'enfermement, il y apprend le français et paradoxalement, alors qu'il y est prisonnier, l'amour qu'il porte à la France y est renforcé durant les quatre années que dure le conflit. Huit ans plus tard, il quitte Leipzig, marié et avec trois enfants, pour s'installer à Paris. Plus exactement, d'abord, à Montreuil. Lui et sa femme travaillent nuit et jour. A l'époque, personne, ni dans sa famille, ni à l'extérieur, ne mentionne qu'ils sont juifs...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette BD a bénéficié du soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Sa préface est signée de d'Anette Wieviorka, historienne spécialiste de l'extermination systématique des juifs durant le régime Nazi, ainsi que, plus généralement, de l'histoire des Juifs au XXème siècle. Cet album est le témoignage que livre Wally Danzig, juive d'origine polonaise. Elle avait 14 ans quand elle a du fuir la France occupée. Le pays que son père avait choisi pour ses valeurs, alors même qu'il y avait été fait prisonnier des années avant, à cause de la Première Guerre Mondiale. Le pays pour lequel il s'était engagé volontaire quand il avait fallu le défendre, lui, devenu parisien. Valérie Villieu a écouté Wally et l'a enregistrée. Wally n'avait jusque-là jamais vraiment raconté sa vie. Alors elle a posé des mots sur ses maux, pour remonter avec pudeur le cours des évènements qui ont fait basculer sa vie, pour évoquer la disparition des membres de sa famille et de tant d'amis... Alors, il nous semble assez vain de vous décrire les émotions qui vous traverseront à sa lecture. Et même si le sujet a fait l’objet de nombreux récits, celui-ci transmet parfaitement la douleur pourtant indicible de ces familles traquées, décimées, exterminées... D'autant plus quand on parle d'enfants séparés de leurs fratrie et parents, dont ils attendront en vain le retour de camps de concentration. Ce livre, c'est six ans de travail pour les auteurs. Antoine Houcke y adopte un trait réaliste, voire académique, avec des fusains, dont le noir renvoie à cette horrible période de l'Histoire, quand ses couleurs viennent illustrer les deux hivers et l'été que passe Willy dans la région grenobloise, une fois qu'elle a pu traverser la ligne de démarcation, pour sauver sa peau. Enfin, le cahier présenté à la fin de l'ouvrage propose des points de repères qui contextualisent les décisions et la politique du gouvernement de Pétain et enfin, des photographies de la famille Danzig. Un livre bouleversant.