L'histoire :
Marie, en maison de retraite depuis peu, se met à avoir des troubles du comportement. En effet, elle s’enferme doucement dans sa bulle et parle avec ses voisines de chambre d’un bateau qui doit venir la chercher. Puis la situation empire. Elle prétend auprès de l’aide-soignant qu'elle s’appelle Dolorès. Elle ne parle d’ailleurs plus qu’en espagnol. La maison de retraite prend donc contact avec la fille de Marie, Nathalie, afin de la prévenir de la situation. L’état général de sa mère se dégrade de plus en plus. Il semble inévitable qu’elle aille dans une maison spécialisée. Nathalie rend visite à sa mère qui, en effet, ne parle plus qu’espagnol alors qu’elle n’a, a priori, jamais appris cette langue. Nathalie se pose beaucoup de questions. Elle doit en parler à sa sœur. Se développe alors en elle la curieuse impression que quelque chose lui échappe dans le comportement de sa mère. Lors de la visite suivante, Nathalie est surprise de voir l’aide-soignant appeler sa mère Dolorès…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bruno Loth présente ici un one shot original mettant d'abord en lumière plusieurs aspects historiques de l’Espagne, méconnus de ce côté-ci des Pyrénées. Il construit son histoire autour du personnage de Marie, ou Dolorès, qui, au crépuscule de sa vie, semble revivre par réminiscences un évènement grave survenu très jeune. La fille de celle-ci, Nathalie, découvre en effet que sa mère parle Espagnol et qu'elle semble avoir jadis vécu un évènement grave lié à la guerre d’Espagne. L’auteur envoie donc son héroïne Nathalie en Espagne, afin de mener une enquête sur le passé mystérieux de sa mère. Le récit se partage dès lors entre l’enquête de Nathalie dans différentes villes espagnoles, sa découverte de la vie politique actuelle et le passé de la guerre civile. Par intermittence, l'auteur ajoute l’errance mentale de Marie, alias Dolorès. Une errance dans les souvenirs de celle-ci qui revit des instants douloureux mais précis de jeunesse, au côté de ses parents. L’auteur retranscrit son histoire à l’aide d’un dessin semi réaliste en teintes de gris. Les décors, les lieux, l'environnement, sont fournis et très précis. La fluidité des personnages assure un dynamisme supplémentaire à ce récit bien ficelé. On plonge dans cette histoire tragique avec facilité et on se laisse guider par le fil conducteur. Un fil terriblement sensible, tant il est aisé de s'assimiler à ce que la mère de Nathalie a vécu durant cette période troublée. A travers ce one shot, c’est avant tout la Mémoire qui est mise à l’honneur. Mémoire du souvenir, indispensable lors de tragédies historiques ; mais aussi celle qui permet aux êtres humains de garder en eux les moments forts de leurs vies.