L'histoire :
Pablo Uriel est natif de la région de Saragosse. Il vient d'achever ses études à la faculté de médecine et fait son premier remplacement au nord du pays, dans le petit village de la Rioja. Le jeune homme est courtois et discret. Il s'intègre rapidement à la vie locale et apprécie l’amitié qu'il commence à lier avec quelques hommes aux valeurs républicaines. Les discussions politiques et philosophiques vont bon train, le soir, quand on se réunit autour d'un verre après que le travail de la journée a été bien fait. Qui aurait pu penser que quelques jours après, des phalangistes prendraient le pouvoir ? « Vive le Christ- Roi ! ». Et des coups de feu qui claquent. Des familles entières décimées. Ces soldats qui frappent à la porte et emmènent les hommes pour une dernière promenade. La famille Uriel est bien connue pour ses positions progressistes et Pablo et ses frères sont emprisonnés à des endroits différents. Pablo pense qu'il s'en sort bien car les prisonniers sont bien traités. Mais la police politique pratique l'épuration. Et chaque jeudi, à 8 heures, un peloton d'exécution emmène un prisonnier...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la famille Uriel, on est soignants de tradition et ce n'est autre que le gendre du docteur qui signe ce récit. Un véritable hommage en forme de biographie, qui campe l'histoire d'un type formidable pris par les tourments des atrocités de la guerre civile. 1936, les heures les plus sombres de l'histoire moderne de l’Espagne. Le destin de ce toubib est reconstitué quasiment semaine après semaine, tout au long des 3 années que dure le conflit. Bringuebalé d'un camp à l'autre, souvent prisonnier, ayant connu le front, les églises réquisitionnées, qui a sauvé des vies mais a vu aussi tant d'hommes mourir dans ses bras, le novice va devenir un urgentiste de première. Un médecin de guerre. Sans jamais faire dans le mièvre ni le pathos, Sento propose un récit coup de poing qui a quelque chose du journal de guerre. Les lettres que Pablo adresse chaque fois qu'il peut écrire à sa famille, les amitiés éphémères, la solidarité entre prisonniers et la folie des gradés, la misère qui s'est abattue sur les civils, tous ces traumatismes... Les soldats enrôlés avaient alors une devise : « La première solde, c'est pour l'uniforme, la seconde, pour le linceul ». Malgré la noirceur du propos, malgré l'atmosphère étouffante, au-delà des moments dramatiques, l'humanisme de cet homme et son humilité forcent le respect. Un livre témoignage, une lecture bouleversante qui honore une forme de devoir de mémoire de l'histoire contemporaine de l'Espagne.
