L'histoire :
Avril 1978. Hervé, Viianne et Jean-Yves arrivent au Pakistan. Après une escale à Peshawar, ils prennent la direction de Chitral, au Nord. Ils doivent passer le col du Lowari à pied. 4200 mètres d'altitude... Puis ils rejoignent la ville à la mosquée à bulbes blancs, avec sa rue du bazar, étroite, bordée de boutiques en bois, de marchands ambulants ayant disposé leurs marchandises à même le sol. Ils sont venus pour pouvoir vivre parmi les kalash, un peuple de la montagne que le reste des Pakistanais musulmans considère comme des « païens », parce qu'ils n'ont pas de livre sacré, donc pas d'éducation. Ce peuple, ces trois chercheurs l'ont connu grâce à L'Homme qui voulut être roi de Rudyard Kipling. Le roman évoque le Kafristan, la Terre des Fakirs. C'est à cette époque que ce peuple a été massacré et ses survivants durent se convertir à l'islam. Seuls les Kalash échappèrent à l'extermination. Ils restent les derniers « infidèles » de l’Hindou-Kush. Non bouddhistes, non hindouistes, non musulmans, mais fidèles à leurs dieux, à leurs croyances héritées de lointains ancêtres...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album a été publié à l'occasion de l'exposition éponyme, organisée par le musée des Confluences de Lyon. Viviane Lièvre, Jean-Yves Loude et Hérvé Nègre ont en effet fait don au musée de leurs archives et travaux réalisés auprès du peuple Kalash. Dans cet esprit soucieux de la transmission, la BD délivre un témoignage rendant hommage à ces environs 3000 hommes et femmes qui vivent encore selon le rythme des saisons et celui scandé par les fêtes religieuses. On en apprend donc beaucoup et on mesure la menace qui pèse sur eux. On se familiarise tout de suite avec nos trois frenchies, qui ont fait leur premier voyage dans le nord du Pakistan en 1978. Au trait simple et élégant d'Hubert Maury, se joignent les belles couleurs de Philippe Marlu. Mais l'astuce réside dans la présence régulière de photos réalisées par Hervé Nègre et Vivianne Lièvre, et qui confèrent au récit une dimension très réaliste. On devient ainsi observateur des observateurs et on se familiarise un peu avec eux aux mœurs, coutumes et croyances des Kalash. Le quotidien et son rapport au temps, celui du rapport à une nature non pas respectée, mais sacralisée, la place des femmes, les rituels qui transcendent la violence sociale, tous ces thèmes et bien d'autres encore sont développés avec une grande intelligence et une vraie habileté dans la narration. Un bouquin qui fait plaisir et qui instruit.
