L'histoire :
Pierre de Nolhac est Auvergnat. Il a longtemps étudié Pétrarque, à l’École Française de Rome. Après être rentré d'Italie, il effectue un stage à La Bibliothèque Nationale. Il y passe un concours d'attaché, mais il n'y a qu'une place et de très nombreux candidats. C'est alors que Gabriel Monod, historien qui officie à l’École des Hautes Etudes, lui conseille de candidater au Château de Versailles. En 1887, de Nolhac, sa femme est ses enfants viennent ainsi vivre au château. Pour la première fois, il y trouve un supérieur hiérarchique plus disposé à l'écouter qu'à lui énumérer ses responsabilités. Monsieur Gosselin installe donc le nouveau conservateur du Musée de Versailles et il lui demande de mener un travail d'archiviste et de documentaliste. Dès le premier soir de son installation, de Nolhac déniche un traité, « État des Appartements de Messieurs les Ministres ». Le lendemain matin, à sa prise de fonction, Gosselin tient à l'avertir de se méfier d'Alfred Leclerc, l'architecte et aussi de Gustave Poisson, le Régisseur faisant aussi office de chef du personnel. Ils n'en font qu'à leur tête et effectuent des travaux historiquement faux, sans même l'en avertir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les veilles pierres cachent toujours de grandes histoires d'hommes. Ce livre, soutenu par le Château de Versailles, nous rappelle toute une vie : celle de Pierre de Nolhac, dédiée à la restauration et à la remise en lumière du domaine du Roi-Soleil, que le temps des républicains avait éclipsé. Longtemps symbole de la monarchie, il fut délaissé, jusqu'à être quasi à l'abandon. A travers le portait de Pierre de Nohhac, travailleur obsessionnel dont la vie de famille trinqua, on assiste au retour de la lumière sur la résidence des Rois de France. En quatre chapitres et 150 pages, on voit défiler un demi siècle, de 1880 à 1930. Toute une vie, faite d'opportunités, alors que l'homme n'était pas un opportuniste. C'était un scientifique passionné, qui se retrouva à vivre parmi des chefs d'œuvres de l'art français. La BD est très didactique, elle met en scène son travail de conservateur, indissociable de son approche d'historien, qui eut l'art de monter des collections avec les œuvres qui prenaient la poussière et la manière pour refaire de Versailles un haut lieu. Son aptitude à trouver des financements, sa diplomatie surtout, qui lui permit de toujours mettre le monument au service de la nation. De l'impératrice de Prusse, en passant par le tsar Nicolas II reçu avec tous les honneurs, ou encore par Félix Faure, le bien nommé « Président-Soleil », jusqu'à Sarah Bernhardt, en dix ans, le château est redevenu à la mode. Bien sûr, on retrouve le moment du Traité de Versailles. Ce voyage au cœur d'une famille et d'une partie de notre histoire s'effectue sous les dessins d'Alexis Vitrebert, qui propose un dégradé permanent de noir, blanc et gris, parfaitement fidèle au style de la couverture. Un bel ouvrage, une belle histoire, une sacrée vie de château !